Les dynamiques paysagères du Bas-Maine
Exemple d’évolution caractéristique de l’unité sur le secteur de Meslay-du-Maine
Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.
Entre Laval et Sablé-sur-Sarthe
Les premières implantations dans le secteur de Meslay-du-Maine prennent position sur la rive gauche du ruisseau de Vassé. Autour de son château et son église, la ville se développe progressivement sur une orientation est-ouest, à l’alignement de la route royale reliant Laval à Sablé-sur-Sarthe. Les nombreux petits boisements du secteur accompagnent alors la limite nord de la ville et les vallées situées à l’ouest.
Une ouverture importante des paysages agricoles
La comparaison des orthophotos de 1958 et 2010 pour le secteur de Meslay-du-Maine montre les évolutions profondes qui ont impacté les paysages ruraux. Le parcellaire a ainsi connu des dynamiques de simplification de son maillage à partir de regroupements répondant aux attentes de l’intensification de l’activité agricole. Il s’agit ici davantage d’un rassemblement de parcelles déjà existantes que d’un remembrement global qui se traduit souvent par une géométrie très quadrillée du parcellaire. En effet, ici les limites parcellaires ont conservé certaines caractéristiques qui participent à qualifier le paysage, en étant découpées selon les légers mouvements de relief et notamment la proximité des cours d’eau. Les vallées et micro-vallées servent ainsi souvent de point d’appui à ce découpage.
Conséquence directe de l’évolution du parcellaire liée aux dynamiques d’intensification de l’activité agricole et au développement des cultures céréalières, le réseau bocager a diminué. Le maillage, certes réduit mais homogène, encore visible en 1958 disparait progressivement. Les paysages ruraux se caractérisent de plus en plus désormais par leur ouverture (vastes parcelles agricoles non cloisonnées). Très présents autour du bourg de Meslay-du-Maine, les vergers traditionnels s’effacent également au gré du développement urbain.
La mutation des paysages ruraux se définit également par la présence grandissante d’un bâti agricole au volume imposant, dont la perception est accentuée par l’ouverture du paysage. L’impact visuel de ces bâtiments diffère selon leurs implantations, les volumes, la nature et la couleur des matériaux utilisés, ainsi que selon la présence ou non d’une structure végétale à proximité.
Le dynamisme de l’activité agricole se matérialise par ailleurs à travers le développement de l’élevage bovin et avicole avec notamment l’élevage label ou de filière (Loué/Bel) qui conditionnent l’architecture mais aussi et surtout les trames végétales associées.
Si le dynamisme agricole se lit très bien dans la structure végétale du paysage (grandes cultures, prairies, pâtures d’élevage), il se traduit plus fortement par d’importants bâtiments d’élevage en extension des sièges d’exploitation. Le bâti traditionnel présentant déjà des volumes importants, ces extensions s’intègrent relativement bien d’autant qu’elles profitent aussi de la trame arborée qui accompagnent la ferme.
Une densification végétale au niveau des vallées et aux abords des plans d’eau
La comparaison des orthophotos de 1958 et 2010, si elle montre une tendance à l’ouverture des paysages agricoles, permet par ailleurs de constater une fermeture progressive des paysages de vallée. En effet, la densification du couvert végétal aux abords des cours d’eau (notamment le ruisseau de Vassé), ou des plans d’eau au nord (secteur de la Colombière) contribue progressivement à limiter leur visibilité et leur accessibilité.
Aux abords de l’Evre, la mutation de l’occupation des sols conduit également à une fermeture progressive des paysages de la vallée. Au sud de Saulges notamment, certains connaissent un enfrichement progressif ainsi qu’un développement des peupleraies. La fermeture des coteaux par des boisements (notamment par des résineux) confère par ailleurs à cette vallée un aspect sombre et fermé.
Un épaississement relativement homogène de la ville
Le bourg de Meslay-du-Maine, organisé historiquement sur le modèle du village-rue, a connu une extension très soutenue visible dans la comparaison des orthophotos de 1958 et 2010. Cette évolution a contribué à épaissir l’espace urbanisé sur toutes les franges de la ville, contribuant progressivement à revisiter la formation urbaine traditionnelle. Le développement des axes de contournement à l’est de la ville en vue de desservir les zones d’activités témoigne de ces évolutions. Ces mêmes évolutions sont par ailleurs à l’origine de la disparition des vergers traditionnels qui occupaient encore en 1958 les franges de la ville.
Si la frange nord de la ville est davantage concernée par le développement de l’urbanisation à vocation économique, la partie sud a essentiellement connu un développement en lien avec l’habitat. Ainsi, l’extension méridionale est concernée par la prolifération d’un modèle pavillonnaire qui tend à repousser toujours plus les limites de la ville.
Les évolutions sont par ailleurs perceptibles sur l’ensemble de l’unité paysagère. Ces aménagements modifient la lisibilité de la transition entre ville et campagne avec un modèle pavillonnaire particulièrement peu dense.
Les bâtiments d’activités étendent la ville de Meslay-du-Maine vers le nord
La partie nord de Meslay-du-Maine a connu un développement particulièrement important d’une urbanisation en lien avec les activités économiques. La partie nord-est du bourg notamment a été l’objet d’une implantation assez soutenue de bâtiments d’activités qui ont contribué à repousser les limites de la ville. Ces extensions ont été accompagnées d’un développement des réseaux avec l’aménagement d’un réseau viaire qui à terme pourrait s’affirmer et se prolonger comme axe de contournement septentrional de la ville. Le développement de ces nouvelles entités a par ailleurs tendance à favoriser l’enclavement de terrains au sein de l’espace urbanisé.
Le développement d’équipements structurants
Le secteur de Meslay-du-Maine a par ailleurs connu l’arrivée d’équipements de loisirs. Ainsi, à l’entrée est de la ville, l’hippodrome de la Bretonnière est installé depuis 1934 et agrandi en 1993. Une piste en mâchefer de 1 600 mètres un centre d’entraînement, puis des tribunes en 2001 deviennent des nouveaux repères perceptibles depuis l’entrée est de ville.
Au nord-est de Meslay-du-Maine, à proximité du bourg de Saint-Denis-du-Maine, la base de loisirs de la Chesnaie s’est développée aux abords du plan d’eau. Aujourd’hui, de nombreux équipements nouveaux viennent s’appuyer sur le plan d’eau de 11 hectares : espace nautique, sentiers pédestres, aire de jeux. Par ailleurs, l’aménagement d’un camping et l’installation de mobil home contribue à miter les abords du plan d’eau.
L’influence du pôle lavallois
En dehors du petit pôle de Meslay-de-Maine et de Vaiges, tous deux situés sur les anciens axes structurants, les dynamiques constructives sur l’unité du Bas Maine restent globalement assez limitées. Il en découle par ailleurs une assez bonne préservation des silhouettes traditionnelles des bourgs pour lesquels la transition entre ville et campagne est toujours visible. Les exemples de Saint-Denis-d’Orques et de Saulges entrent dans ce cadre. Il faut tout de même relever l’évolution progressive des petits bourgs situés à proximité de l’agglomération lavalloise (Bazougers, Soulgé-sur-Ouette) qui connaissent une certaine diffusion de l’urbanisation.
« Avec le déclin et la disparition progressive des activités présentes au 19ème siècle, le pays de l’Erve n’a connu que de faibles mutations depuis les années 50. Seules quelques agglomérations situées sur les principaux axes de circulation ont vu leur population et leurs surfaces urbanisées augmenter : Meslay du Maine, Grez en Bouëre, Saint Loup du Dorat. Dans ce contexte de faible urbanisation, les problèmes d’intégration visuelle du bâti contemporain (habitat, zone d’activités…) n’en demeurent pas moins identiques aux autres unités paysagères et les difficultés rencontrées résultent souvent d’une mauvaise estimation des logiques de site, d’implantation et d’orientation du bâti, des logiques d’environnement et d’accompagnement végétal ». (Source : Atlas des Paysages du Département de la Mayenne – livret 3 : études de cas - 1996)
Les nouvelles infrastructures et leurs conséquences
L’unité paysagère du Bas Maine connaît par ailleurs des dynamiques importantes en termes de développement des infrastructures de déplacement. L’autoroute A81 tout d’abord, ouverte en 1980, traverse l’unité d’est en ouest pour relier les pôles voisins de Laval et Le Mans. Cette infrastructure, si elle n’est pas automatiquement prégnante dans le cadre des paysages horizontaux, constitue de par son emprise au sol et sa linéarité une rupture physique. La seule sortie autoroutière de l’unité paysagère est située à Vaiges où les acteurs locaux ont encouragé le développement d’une zone d’activités signalée par de grands cônes rouges très visibles depuis l’autoroute et les espaces environnants. Aujourd’hui, l’intégralité de la zone n’est pas occupée et laisse des espaces aménagés vierges.
Par ailleurs, le développement de l’axe autoroutier contribue à atténuer le potentiel d’attractivité de certains axes, et notamment la RD 57, dont les signes d’une certaine perte de dynamisme visible par la succession des bâtiments sans activités.
La Ligne ferroviaire grande vitesse qui là encore traverse l’unité paysagère dans un sens sud-est / nord-ouest, en situation quasi parallèle de la RD 21, axe reliant Laval à Sablé-sur-Sarthe.
La carrière Saint-Denis s’étend actuellement sur une surface de 70 hectares.
Une mise en tourisme des bourgs patrimoniaux
L’unité paysagère est reconnue pour la qualité de son patrimoine urbain historique avec notamment trois bourgs labellisés petites cités de caractère : Saint-Pierre-sur-Erve, Saulges et Asnières-sur-Vègre.
« Certes, le bocage s’est ouvert, les vergers ont été arrachés, la taille des parcelles s’est agrandie, mais il reste cependant un caractère rural traditionnel très présent. En particulier, les petits bourgs semblent pour la plupart « figés » et préservés » (Source : CERESA, Atelier TRIGONE. Atlas des paysages de la Mayenne. Tome 3 : études de cas. DIREN Pays-de-la-Loire, DDE Mayenne, 1999).
La distinction « Petites Cités de Caractère » est délivrée aux petites villes et villages possédant un patrimoine architectural et paysager remarquable. Cette marque impose aux communes du réseau, déjà homologuées ou souhaitant le devenir, de poursuivre les efforts de mise en valeur de leurs attraits par la réhabilitation, la promotion et l’animation. Les critères préalables d’admission à ce label sont en lien avec la préservation des paysages urbains de qualité car il impose l’existence d’une Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine ou d’un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur, et que la commune ait un programme pluriannuel de réhabilitation et de mise en valeur du patrimoine.