Les dynamiques paysagères des plaines d’Alençon et su Saosnois

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 2 janvier 2017)

Exemple d’évolution secteur de Marolles-les-Braults

Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.

Une formation urbaine en étoile en surplomb de la Malherbe

Marolles-les-Braults – Carte d'état-major (1866) - (SCAN Historique à l'échelle du 1 : 40000) en grand format (nouvelle fenêtre)
Marolles-les-Braults – Carte d’état-major (1866) - (SCAN Historique à l’échelle du 1 : 40000)



La carte d’état-major de 1866 laisse apparaître une formation urbaine qui s’organise en étoile autour de la place centrale qui accueille notamment l’église de Marolles-les -Braults. Le bâti se diffuse à l’alignement des rues et laisse déjà apparaître ce qui constituera de futurs terrains enclavés dans les espaces interstitiels.
Autour de ce noyau urbain de Marolles-les-Braults, les campagnes environnantes accueillent un habitat dispersé très important. Ces bâtis isolés et petits hameaux s’implantent à l’appui des chemins ruraux sur les plateaux en priorité, en lien direct avec les terres vouées à l’exploitation agricole.

La simplification de la trame parcellaire
L’orthophoto de 1958 montre une organisation assez éclatée de la trame parcellaire qui se forme d’entités laniérées dont la taille s’amenuise sur les pentes des vallées. A l’inverse, les plateaux situés au sud-ouest du bourg font déjà l’objet d’une structuration plus adaptée à la modernisation de l’activité agricole.
La comparaison des orthophotos de 1958 et 2010 permet de constater une dynamique de simplification parcellaire très soutenue sur la période. Peu à peu, les initiatives de remembrement tendent à proposer un parcellaire de taille plus importante, de forme plus géométrique, bien qu’à l’approche des vallées le tissu soit plus resserré.

Marolles-les-Braults – Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958) en grand format (nouvelle fenêtre)
Marolles-les-Braults – Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958)



L’ouverture des paysages de grande culture

La disparition progressive de la trame parcellaire est rappelée par l'alignement distendu des arbres devenus isolés dans le paysage des champs ouverts (Marolles-les-Braults – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
La disparition progressive de la trame parcellaire est rappelée par l’alignement distendu des arbres devenus isolés dans le paysage des champs ouverts (Marolles-les-Braults – 2015)



Corollaire des dynamiques de simplification de l’organisation parcellaire, les paysages ruraux évoluent vers une ouverture progressive en lien avec la disparition du maillage bocager. L’intensification de l’activité agricole, et le rapide développement de la céréaliculture, favorisent la remise en cause de la présence bocagère. Peu à peu, un paysage de champs ouvert s’impose, agrémenté çà et là d’arbres isolés, reliquats des linéaires bocagers anciens.

La disparition progressive de la trame parcellaire est rappelée par l'alignement distendu des arbres devenus isolés dans le paysage des champs ouverts (Saint-Rémy-du-Val – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
La disparition progressive de la trame parcellaire est rappelée par l’alignement distendu des arbres devenus isolés dans le paysage des champs ouverts (Saint-Rémy-du-Val – 2015)

Marolles-les-Braults – Orthophoto 2010 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Marolles-les-Braults – Orthophoto 2010 (BD ORTHO)



Des bâtiments agricoles toujours plus visibles

Conséquence du développement et de la modernisation de l’activité, les bâtiments de type hangars et silos se multiplient dans le paysage, en s’installant notamment à l’appui des hameaux agricoles dispersés anciens. La taille imposante de ces infrastructures nouvelles tend à perturber les jeux d’échelle et à brouiller la lecture des distances, dans des paysages ruraux où traditionnellement les volumes des corps de ferme s’inséraient harmonieusement dans le paysage.
L’ouverture progressive des paysages tend par ailleurs à augmenter la visibilité des bâtiments agricoles. Dans certains cas, la colorimétrie intensifie cette visibilité par le choix de ton déconnecté de la palette traditionnelle des paysages environnants.

Une des conséquences de l'ouverture progressive des paysages agricoles, l'empreinte paysagère accentuée des bâtis agricoles (Marolles-les-Braults – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une des conséquences de l’ouverture progressive des paysages agricoles, l’empreinte paysagère accentuée des bâtis agricoles (Marolles-les-Braults – 2015)

Une intervention simple et radicale souligne la force de ces silos modernes aux couleurs qui se donnent à voir. (Marolles-les-Braults – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une intervention simple et radicale souligne la force de ces silos modernes aux couleurs qui se donnent à voir. (Marolles-les-Braults – 2015)



Une fermeture progressive des vallées

Deux évolutions importantes du paysage : la fermeture progressive de la vallée avec le renforcement des boisements, et l'ouverture des paysages de grande culture qui ouvre les vues sur les bâtiments d'activités au loin (Marolles-les- Braults – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Deux évolutions importantes du paysage : la fermeture progressive de la vallée avec le renforcement des boisements, et l’ouverture des paysages de grande culture qui ouvre les vues sur les bâtiments d’activités au loin (Marolles-les- Braults – 2015)



Si une tendance à l’ouverture est largement perceptible dans les paysages des plateaux agricoles, on relève cependant une tendance à la densification des boisements au niveau des vallées. Ce phénomène est ainsi perceptible au nord du bourg de Marolles-les-Braults, aux abords de la Malherbe et de la Gravée. Il se concrétise notamment par la formation de petits boisements au sein des vallées qui peu à peu tendent à fermer les vues sur les cours d’eau et à en diminuer l’accessibilité.

Une extension du bourg sous forme pavillonnaire

La comparaison des orthophotos de 1958 et 2010 permet de constater l’extension du bourg de Marolles-les-Braults vers le nord et le nord-est. Cette dynamique d’extension urbaine se fait exclusivement sous une forme pavillonnaire qui rompt ainsi avec les anciens modèles d’implantation en mitoyenneté et à l’alignement des rues.

Les extensions urbaines récentes se matérialisent par la prolifération d'un modèle pavillonnaire standardise? et par des espaces publics souvent réduit à de la voirie qui banalisent les quartiers périphériques et les posent en rupture avec les ambiances des bourgs ruraux (Marolles-les-Braults – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les extensions urbaines récentes se matérialisent par la prolifération d’un modèle pavillonnaire standardise? et par des espaces publics souvent réduit à de la voirie qui banalisent les quartiers périphériques et les posent en rupture avec les ambiances des bourgs ruraux (Marolles-les-Braults – 2015)



Cette évolution de l’agglomération urbaine a par ailleurs provoqué une forme d’enclavement des espaces agricoles situés entre les rues support de la diffusion urbaine ancienne. En certains secteurs, ces espaces enclavés ont été investis pour accueillir des équipements publics notamment (école). Ils laissent cependant des espaces vierges de constructions et pour lesquels la vocation agricole ne peut plus être assumée.

L'ouverture progressive des paysages accentue la visibilité des extensions urbaines (Marolles-les-Braults – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’ouverture progressive des paysages accentue la visibilité des extensions urbaines (Marolles-les-Braults – 2015)

Les espaces interstitiels entre les anciennes rues support d'une diffusion urbaine ancienne se sont progressivement retrouvées enclavées (Marolles-les-Braults), (Source : Delcampe.net) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les espaces interstitiels entre les anciennes rues support d’une diffusion urbaine ancienne se sont progressivement retrouvées enclavées (Marolles-les-Braults), (Source : Delcampe.net)



Un développement des zones d’activités en entrée de ville

Le développement en diffus des zones d'activités aux abords des voies principales contribue à développer un paysage d'entrée de ville peu qualitatif (Marolles-les-Braults – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le développement en diffus des zones d’activités aux abords des voies principales contribue à développer un paysage d’entrée de ville peu qualitatif (Marolles-les-Braults – 2015)



La carte IGN du secteur de Marolles-les-Braults montre l’implantation des bâtiments en lien avec l’activité agricole au sud du bourg. Situés en position d’entrée de ville, le développement de ces bâtiments imposants confère un caractère industriel au paysage.

Carte IGN 2013 du secteur de Marolles-les-Braults (SCAN 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur de Marolles-les-Braults (SCAN 25)

Des pressions urbaines modérées

Les dynamiques constructives de l'unité paysagère sont plus soutenues à proximité de l'agglomération mancelle (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les dynamiques constructives de l’unité paysagère sont plus soutenues à proximité de l’agglomération mancelle (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011)



L’unité paysagère des plaines d’Alençon et du Saosnois connaît des dynamiques constructives assez modérées sur la période 2007-2011, comme l’atteste la carte ci-dessus. Cela est dû principalement à un éloignement des principales polarités urbaines, bien que Mamers face figure de pôle sur la partie est de l’unité, et soit sujet à des dynamiques constructives plus poussées.

A Mamers, le développement urbain sous forme d'extension pavillonnaire est très visible depuis l'ouest de l'espace aggloméré (2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
A Mamers, le développement urbain sous forme d’extension pavillonnaire est très visible depuis l’ouest de l’espace aggloméré (2010)



L’orthophoto de 2010 permet d’avoir un aperçu de l’attractivité de Mamers qui s’exprime notamment par :

  • Le développement d’axe de contournement du bourg qui créé notamment l’enclavement de terres agricoles entre le bourg et les voies concernées ;
  • une diffusion des zones d’activités aux abords des voies de contournement, qui créé une forme d’omniprésence des bâtiments d’activités sur les franges de la ville ;
  • des extensions résidentielles sous forme pavillonnaire, notamment sur la partie sud-est du bourg et dont la propagation dans un contexte de champs ouverts tend à créer une exposition forte telle que la montre la photo ci-dessous.
A Mamers, le développement urbain sous forme d'extension pavillonnaire est très visible car l'épaisseur des jardins privés ou collectifs, espace de transition et de protection avec l'espace agricole n'existe pas (Mamers – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
A Mamers, le développement urbain sous forme d’extension pavillonnaire est très visible car l’épaisseur des jardins privés ou collectifs, espace de transition et de protection avec l’espace agricole n’existe pas (Mamers – 2015)



Sur la partie ouest de l’unité paysagère, l’influence alençonnaise connaît des répercussions paysagères à travers une diffusion de l’urbanisation le long de la RD 338, l’ancien axe historique rejoignant Le Mans. Sur ce secteur, la diffusion urbaine le long de cet axe structurant prend la forme d’un développement de type pavillonnaire qui marque l’entrée sur de l’agglomération. En descendant vers le sud, dans le secteur de Bérus, les bâtiments d’activités ont investi les abords de la RD 338 depuis quelques décennies. La concurrence de l’autoroute A28 et de l’extension de la zone d’activités sud (secteur de Saint-Paterne) d’Alençon provoque un certain vieillissement des zones d’activités de la RD 338 qui se matérialise notamment par une augmentation de la vacance des bâtiments d’activités.

Les extensions pavillonnaires au sud d'Arçonnay : une conséquence de la polarisation d'Alençon (2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les extensions pavillonnaires au sud d’Arçonnay : une conséquence de la polarisation d’Alençon (2010)

Le développement urbain de l'agglomération alençonnaise s'oriente vers le sud à l'appui de la RD 338 qui rejoint Le Mans (Bérus – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le développement urbain de l’agglomération alençonnaise s’oriente vers le sud à l’appui de la RD 338 qui rejoint Le Mans (Bérus – 2015)

Les abords de la RD 338 reliant Le Mans à Alençon sont l'objet d'une diffusion des zones d'activités à l'approche de l'agglomération alençonnaise (Bérus – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les abords de la RD 338 reliant Le Mans à Alençon sont l’objet d’une diffusion des zones d’activités à l’approche de l’agglomération alençonnaise (Bérus – 2015)

Le développement des infrastructures et des zones d’activités à l’ouest de l’unité

L’arrivée de l’A28 a favorisé le développement de la partie sud-ouest de l’agglomération alençonnaise, que ce soit via l’implantation des zones d’activités à proximité directe de l’échangeur ou via le développement résidentiel dans le secteur.

Le développement des zones d'activités en extension de l'agglomération alençonnaise participe à la construction du paysage au nord-ouest de l'unité (Arçonnay – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le développement des zones d’activités en extension de l’agglomération alençonnaise participe à la construction du paysage au nord-ouest de l’unité (Arçonnay – 2015)



Pour autant l’aménagement des zones d’activités au niveau des échangeurs de l’A28 ne s’est pas concrétisé automatiquement par l’émergence d’un paysage de bâtiments d’activités foisonnant. Ainsi, aux abords de l’échangeur de Rouessé-Fontaines, l’aménagement d’une zone de 5 hectares a abouti à l’émergence d’une zone d’activités fantôme vierge de construction.

Le développement des infrastructures contribue à modifier les paysages, ici les remblais créent une forte rupture des continuités paysagères et biologiques (Coulombiers – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le développement des infrastructures contribue à modifier les paysages, ici les remblais créent une forte rupture des continuités paysagères et biologiques (Coulombiers – 2015)

Le développement des infrastructures contribue motiver le développement de zones d'activités, qui bien que viabilisées, prennent le visage de zone « fantôme » (Coulombiers – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le développement des infrastructures contribue motiver le développement de zones d’activités, qui bien que viabilisées, prennent le visage de zone « fantôme » (Coulombiers – 2015)

Les infrastructures éoliennes, un nouveau repère dans le paysage

Fin 2013 a été inauguré le premier champ d’éoliennes de Sarthe au niveau des communes de Juillé, de Piacé et de Vivoin. Sur ce secteur situé à l’ouest de l’unité paysagère, 6 éoliennes prennent place sur une étendue de 2 hectares. Cette initiative nommée « Eoloué » est directement liée à l’économie locale puisque son exploitation associe la coopérative Agricole des fermiers de Loué et une entreprise française spécialisée dans les parcs éoliens. L’implantation de ces infrastructures dans le paysage constitue ainsi un repère nouveau.

Un champ de 6 éoliennes situé sur les communes de Juillé, de Piacé et de Vivoin constitue désormais un nouveau repère dans le paysage de l'unité (Juillé – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un champ de 6 éoliennes situé sur les communes de Juillé, de Piacé et de Vivoin constitue désormais un nouveau repère dans le paysage de l’unité (Juillé – 2015)

Le développement des équipements de découverte des paysages

L’unité paysagère est parcourue par une voie verte de 12 km qui relie Mamers et Les Mées en empruntant le tracé d’une ancienne voie ferrée. Le site est sécurisé aux piétons et cyclistes, accompagné de 5 parkings, et invite au travers des équipements signalétiques à la découverte des paysages et du patrimoine.

Une voie verte arpente désormais dans la partie nord de l'unité en lieu et place d'une ancienne voie ferrée (Vezot – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une voie verte arpente désormais dans la partie nord de l’unité en lieu et place d’une ancienne voie ferrée (Vezot – 2015)

Sources bibliographiques

  • CERESA. Atlas des paysages de la Sarthe. Conseil Général de la Sarthe, DDE de la Sarthe, DIREN Pays de la Loire,2005.