Les dynamiques paysagères des contreforts ligériens vers l’Erdre et le Segréen

publié le 18 décembre 2015 (modifié le 30 décembre 2016)

Exemple d’évolution caractéristique de l’unité sur le secteur de Saint-Mars-sur-Désert

Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.

Une installation à quelques encablures de l’Erdre
L’implantation originelle de la commune s’opère à proximité de l’Erdre à proximité des marais qui prennent forme à partir du VIème siècle. Elle prend alors la forme d’une base romaine avancée qui participe à la protection de la cité nantaise située au sud-ouest. L’orthophoto de 1840 montre une agglomération très resserrée autour de laquelle gravite un ensemble d’habitat dispersé assez hétérogène dans leur taille. A l’est les boisements dessinent une limite claire à la dispersion.

Saint-Mars-du-Désert – Carte d'état-major (1840) - (SCAN Historique à l'échelle du 1 : 40000) en grand format (nouvelle fenêtre)
Saint-Mars-du-Désert – Carte d’état-major (1840) - (SCAN Historique à l’échelle du 1 : 40000)



Une simplification de la trame parcellaire et une activité agricole en mutation
La comparaison des orthophoto de 1958 et 2013 permet de constater le phénomène de mutation agricole dans le secteur de Saint-Mars-du-Désert Les dynamiques de regroupement parcellaires sont visibles et modifient les paysages agricoles dans le secteur de Saint-Mars-du-Désert. En effet, des remembrements ont bien eu lieu à l’est du bourg notamment, laissant place à des champs plus ouverts au sein desquels la maille bocagère a été déstructurée pour laisser place aux parcelles de cultures céréalières.

Saint-Mars-du-Désert – Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958) en grand format (nouvelle fenêtre)
Saint-Mars-du-Désert – Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958)

Saint-Mars-du-Désert – Orthophoto 2013 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Saint-Mars-du-Désert – Orthophoto 2013 (BD ORTHO)



Jusqu’au XIXème siècle les paysages ruraux de l’unité présentent une plus grande diversité qu’actuellement : des coteaux viticoles, un plateau bocager, cultivé ponctué par un système lande / forêt, une implantation du bâti qui s’articule autour des vallées… Aujourd’hui, l’activité viticole n’est plus représentative, et les ensembles bocagers et forestiers sont en voie de déstructuration. Le relief reste cependant un élément déterminant du paysage, structurant notamment les développements urbains.
A l’échelle de l’unité, le bocage a fortement évolué, et l’ouverture des paysages a participé à la « mise à nu » des nouvelles franges urbaines, peu valorisées, mais aussi des bâtiments agricoles, dont l’architecture se rapproche aujourd’hui de celle de bâtiments d’activité industrielle. Dans l’ensemble, de plus en plus de nouveaux espaces sont arrachés aux terres agricoles, afin de devenir constructibles et ainsi accueillir les logements et les activités. Cependant l’implantation des nouvelles extensions urbaines peut souvent compromettre l’activité agricole.
À la périphérie des bourgs, la périurbanisation au gré des opportunités foncières isole parfois certaines parcelles agricoles. Ces parcelles se trouvent coupées du reste de l’espace rural et leur surface ne suffit plus pour une exploitation devant être rentable. Ces terrains deviennent ainsi des friches agricoles en attendant qu’une nouvelle fonction leur soit attribuée (le plus souvent elles sont finalement dédiées à leur tour au développement urbain). C’est ainsi que le paysage traditionnel se délite progressivement au profit de l’urbanisation.
Sur les coteaux de la Loire, le maraîchage se développe désormais. Dans le secteur du Cellier, de nouvelles zones horticoles apparaissent sur les coteaux. La lande a disparu, tandis que le boisement a été progressivement mité. La maille bocagère est désormais éclatée, du fait d’une diffusion urbaine importante, ainsi que des remembrements effectués. Le paysage ainsi reconstitué est beaucoup plus ouvert.
A l’ouest, l’activité viticole a progressivement disparu et se maintient encore un peu au sud-ouest d’Ancenis. L’unité est dominée aujourd’hui par l’élevage, principalement de viande bovine. A l’est de l’unité, la viticulture est une activité très ponctuelle mais qui génère une activité économique qui semble riche et prospère liée notamment au commerce du vin et au tourisme. Cependant, ce paysage, lié à une culture monospécifique est très sensible : en effet, la vigne est un élément majeur imposant rythme et structure au paysage. Elle s’accompagne aussi d’un riche patrimoine bâti. Ce paysage semble parfois « figé ».

Une tendance à la fermeture de la vallée
La comparaison des orthophoto de 1958 et 2013 pour le secteur de Saint-Mars-du-Désert montre des évolutions des secteurs de vallées (Saint-Médard, étang de Beaucé) liées à la densification végétale aux abords des cours d’eau. Ces évolutions sont dues à l’enfrichement de ces secteurs, ainsi qu’au développement de peupleraies et ont pour conséquence une fermeture visuelle progressive des paysages.

Une diffusion urbaine sous forme pavillonnaire
La comparaison des orthophoto de 1958 et 2013 pour le secteur de Saint-Mars-du-Désert montre une diffusion exponentielle de l’habitat pavillonnaire entre les deux dates. Si au cours des années 1980, une poche résidentielle a étendu le bourg avec le lotissement du Pont David au nord-ouest, les développements successifs ont contribué à repousser toujours plus les limites de l’espace urbanisé. D’abord vers le sud puis plus récemment vers l’ouest sur un modèle pavillonnaire toujours moins dense. Les dernières extensions épaississent le bourg vers le sud est et corollées à une certaine forme de mitage dans le secteur de la Haute-Noë contribuent à créer des formes d’enclavement de terres agricoles.

Les diffusions urbaines de la commune marsienne repoussent les limites de la ville vers le sud (2013) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les diffusions urbaines de la commune marsienne repoussent les limites de la ville vers le sud (2013)



La nouvelle typologie, s’inspirant de formes contemporaines, crée un nouveau langage architectural qui ne correspond plus à l’architecture vernaculaire. L’habitat traditionnel associant une unité d’habitation, des dépendances et comportant une ou plusieurs caves est désormais remplacé par une maison individuelle accompagnée d’un garage.
Les extensions urbaines impliquent la construction de nouvelles infrastructures afin d’accorder le nouveau tissu bâti aux réseaux : routier, électrique, d’eau, d’assainissement ou téléphonique. Quand les voies traversent les bourgs et les villages, elles sont confrontées aux tissus urbains existants qui sont souvent peu appropriés à une telle utilisation de la voiture et à un partage modal entre différents usagers (piétons, vélos, voitures, poids lourds…).

Au Nord de l’unité, et notamment dans la vallée de l’Erdre, on retrouve essentiellement des bourgs de fonds de vallée, dont les développements récents remontent souvent le long des coteaux, avec un impact visuel parfois important dans le grand paysage. À Saint-Mars-la-Jaille par exemple, le développement récent s’effectue sur les plateaux et les pentes douces en continuité urbaine avec le noyau ancien. Le village s’est fortement étendu. Au Sud, une zone industrielle et commerciale, ainsi que des équipements sportifs, occupent une emprise importante. Au Nord, les développements résidentiels montent le long des coteaux.

Au sud de l’unité, les bourgs ligériens au développement contraint s’étendent souvent vers le nord, en direction des grandes infrastructures et suivant l’axe des vallées perpendiculaires à la Loire. Cette dynamique est notamment visible à l’est de l’unité sous influence angevine avec l’exemple des Savonnières qui connaît une extension urbaine vers le nord sous forme pavillonnaire.

Au centre de l’unité, on retrouve de nombreux bourgs perchés ou bourgs de plateaux, dont la structure traditionnelle est souvent rendue difficilement lisible par les extensions récentes, organisées le long des axes routiers (développement linéaire ou étoilé) ou selon les opportunités foncières, enclavant ainsi parfois d’importants espaces agricoles « en dent creuse ». Dans le secteur de Ligné, ces dernières décennies, le village s’est développé en étoile, au gré des extensions pavillonnaires le long des voies existantes ou par poches de lotissements.

Carte IGN 2013 du secteur de Saint-Mars-du-Désert (SCAN 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur de Saint-Mars-du-Désert (SCAN 25)

Des dynamiques constructives plus soutenues à proximité de Nantes

Les dynamiques de construction sont plus soutenues à l'approche des agglomérations nantaise et angevines (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les dynamiques de construction sont plus soutenues à l’approche des agglomérations nantaise et angevines (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011)



La carte des dynamiques constructives pour la période 2007-2011 affiche une pression urbaine forte au niveau des communes qui suivent les cours de l’Erdre (Sucé-sur-Erdre, Petit-Mars, Nort-sur-Erdre).
L’unité paysagère subit également une pression au sud de l’unité, avec une diffusion de l’habitat et des activités depuis les bourgs ligériens vers le Nord, en direction de la RD723 puis de l’A11. Dans le secteur du secteur du Cellier, le bourg s’est développé fortement en revers de coteaux, notamment du fait de l’implantation de la route nationale, qui a induit une forte pression urbaine. De nouveaux boisements sont venus fermer les paysages de vallons.
Les extensions urbaines se traduisent le plus souvent par des lotissements composés de maisons individuelles. Ces maisons entourées de jardins et en retrait des voies contrastent fortement avec les groupements de l’habitat traditionnel comme les centres bourgs où les hameaux.
Cette urbanisation consommatrice d’espace se situe en continuité des bourgs et hameaux préexistants, aux franges urbaines souvent exposées au paysage. On observe notamment un développement sur les crêtes des vallons secondaires.

Le pôle principal de l’unité, Ancenis, connaît un développement important. La ville s’est étendue le long de la Loire, dans un endroit dépourvu d’îles. Les voies qui traversent la ville suivent principalement deux axes : l’axe de la Loire (axe Est/Ouest), et un axe Nord-Sud de rayonnement vers les villages voisins. Dans les années 50, les nouvelles constructions se massent le long des axes principaux, c’est-à-dire vers le Nord. L’emprise sur le territoire est plus diffuse. La Loire, autrefois passage privilégié pour le transport et la communication, est délaissée au profit de la route nationale qui relie Angers et Nantes. Le territoire a subi de profondes mutations depuis les années 50. Hormis le cœur historique, l’espace urbain forme une trame discontinue qui suit les axes routiers principaux : la construction de l’autoroute A11 a orienté le développement de la ville vers le Nord, et favorisé la déconnexion de celle-ci avec la Loire, tandis qu’un étalement Est/Ouest prononcé suit la N 23. Un espace industriel et commercial s’est formé à l’est de la ville, selon un axe Nord/Sud. Le bocage tend à disparaître à grande vitesse, au profit de l’élargissement des parcelles. Ce constat est plus important au fur et à mesure qu’on s’éloigne des zones construites et des vallées pour aller sur le plateau. Les remembrements des années 1968 ont participé à la disparition progressive de haies.

La Vallée de l’Erdre a subi des pressions fortes, et la majeure partie des terres agricoles et rurales qu’elle abrite est relativement mité. La mise en scène des parcs et châteaux a parfois connu une forte évolution, les nouvelles constructions venant perturber la perception des perspectives des parcs jusqu’à l’Erdre. Différents projets sont en cours aux abords de l’Erdre, qui apparaissent comme des vecteurs de pression à venir : zones 2AU constructibles du PLU de Nantes, projets de tram-train Nantes-Châteaubriant.

A l’est de l’unité, peu nombreux, les bourgs de l’unité paysagère ont un faible impact visuel. Ils semblent pourtant devoir faire face à une forte pression d’urbanisation liée à la proximité d’Angers (exemple de Saint-Georges-sur-Loire, des Savennières), ce qui se traduit par de nombreux lotissements et une consommation d’espaces souvent intégrés par la trame bocagère et les bois.

Le développement des infrastructures routières et des zones d’activités

L’A11 donne une forte lisibilité dans le paysage aux vallons secondaires perpendiculaires à la Loire, mais aussi aux extensions urbaines récentes dominant ces vallons. Les évolutions du paysage sont donc particulièrement sensibles depuis cet axe.
La RN23 est quant à elle un vecteur de diffusion urbaine ; à ses abords, le paysage tend à se banaliser et à perdre ses caractéristiques propres.
Les voies de circulation sont confrontées à une augmentation générale du trafic. Elles prennent une importance de plus en plus grande, aussi bien en termes de surface qu’en termes d’impact visuel. Parmi les projets majeurs susceptibles d’avoir une incidence directe et indirecte sur les paysages, nous pouvons citer :

  • Le doublement de la voie de la liaison Ancenis - Savenay (RD164), projet de « liaison structurante » en contournement de l’agglomération nantaise
  • À l’échelle de l’agglomération d’Ancenis, création d’un contournement Ouest et d’un nouveau franchissement de la Loire à l’Est de la ville

Les voies de transit ou d’accès aux lotissements créent un paysage linéaire propre. Ce sont souvent d’anciennes voies communales dont l’aménagement paysager s’est limité à un élargissement de l’emprise routière accompagné de mobilier de type routier (dispositifs anti-bruits, glissières, lampadaires, merlons qui masquent le paysage) sans intégration paysagère à l’environnement qu’elles traversent.
En recherche d’accessibilité, des activités ainsi que des habitations s’insèrent à proximité des axes routiers, créant des formes linéaires et imposant ainsi de nouvelles règles d’organisation spatiale en rupture avec les formes traditionnelles.
Le développement économique se concentre aux abords d’Ancenis, de l’aéroport et de l’échangeur avec l’A11. Le paysage actuel est peu structuré, les activités implantées (logistique notamment) étant juxtaposées les unes aux autres, sans réel travail sur les lisières entre zones d’activité et campagne ou sur les clôtures.
Empruntant quasiment le même linéaire d’implantation, les lignes haute-tension avec leur procession de pylônes marquent aujourd’hui fortement ce paysage sur la frange sud. Dans le registre de l’énergie, les parcs éoliens de la frange nord de l’unité constituent de nouveaux repères forts dans le paysage.

Bloc-diagramme de synthèse de la structure du paysage entre le Cellier et Saint-Mars en 1850 en grand format (nouvelle fenêtre)
Bloc-diagramme de synthèse de la structure du paysage entre le Cellier et Saint-Mars en 1850
Bloc-diagramme de synthèse de la structure du paysage entre le Cellier et Saint-Mars en 2006 en grand format (nouvelle fenêtre)
Bloc-diagramme de synthèse de la structure du paysage entre le Cellier et Saint-Mars en 2006