Les dynamiques paysagères des collines du Maine

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 2 janvier 2017)

Exemple d’évolution caractéristique de l’unité sur le secteur de Sainte-Suzanne

Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.

Un bourg et son enceinte sur l’éperon rocheux dominant l’Erve

Le site initial est un éperon rocheux, élément rare du relief du Maine et la vocation défensive du bourg découle de cet élément topographique. C’est au XIème siècle qu’ont été construits le donjon, le bourg et son enceinte sur l’éperon rocheux dominant l’Erve. Le bourg moyenâgeux épouse la forme triangulaire de l’éperon. Il est parcouru d’un réseau de ruelles très étroites.

La prospérité de Sainte-Suzanne vient de l’exploitation de la chaux dès 1529 et de l’énergie grâce à 15 moulins sur l’Erve. Au XIXème siècle, l’agglomération s’ouvre grâce à la construction d’un quartier commerçant en dehors de l’enceinte et progressivement le bourg s’agrandit sur la crête.

Dans les années 1970, c’est le coteau exposé au sud qui se développe. D’une structure regroupée, le bourg de Sainte-Suzanne est passé à une structure étirée le long de la route de Montsûrs.

Sainte-Suzanne – Carte d'état-major (1866) - (SCAN Historique à l'échelle du 1 : 40000) en grand format (nouvelle fenêtre)
Sainte-Suzanne – Carte d’état-major (1866) - (SCAN Historique à l’échelle du 1 : 40000)

Implantation historique du bourg de Sainte-Suzanne (Source : Archives Départementales de Mayenne) en grand format (nouvelle fenêtre)
Implantation historique du bourg de Sainte-Suzanne (Source : Archives Départementales de Mayenne)



Une tendance à l’ouverture des plateaux agricoles L’ouverture des paysages agricoles, particulièrement marquée dans l’évolution contemporaine des paysages ruraux, est visible dans le secteur de Sainte-Suzanne, mais reste cependant très limitée. Cette évolution est ainsi perceptible sur les plateaux à l’ouest et au nord-est du bourg et se matérialise par des remembrements parcellaires visibles à travers la comparaison des orthophotos de 1958 et 2010. Globalement, le maillage parcellaire se modifie peu. Les mouvements de reliefs notamment ne favorisent pas automatiquement le développement des cultures céréalières en champs ouverts. Bien que le maillage bocager se soit élargi, il reste une structure relativement forte qui quadrille les vallonnements perçus depuis le site de Sainte-Suzanne.

Sainte-Suzanne – Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958) en grand format (nouvelle fenêtre)
Sainte-Suzanne – Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958)

Sainte-Suzanne – Orthophoto 2010 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Sainte-Suzanne – Orthophoto 2010 (BD ORTHO)



Les phénomènes d’ouverture progressive des paysages agricoles sont plus visibles sur d’autres secteurs de l’unité. Ainsi, dans le secteur situé entre Hambers et Bais notamment, le développement des activités de céréaliculture a encouragé la déstructuration des haies bocagères et progressivement ouvert le paysage et en parallèle ils ont contribués à la diminution de l’espace prairial.

Le développement des cultures céréalières ouvre progressivement les paysages agricoles. Sur la photo ci-dessus, le maintien de la haie protégeant le chemin rural présentent une image très contrastée face à l'évolution des paysages environants (Hambers – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le développement des cultures céréalières ouvre progressivement les paysages agricoles. Sur la photo ci-dessus, le maintien de la haie protégeant le chemin rural présentent une image très contrastée face à l’évolution des paysages environants (Hambers – 2015)



L’évolution du bocage se lit aussi dans l’évolution des modes d’entretien des haies. L’atlas départemental des paysages de la Mayenne de 1999 mentionnait un registre de haies taillées qui n’est plus observé aujourd’hui. De même les vergers sont de moins en moins présents.
La mutation des paysages ruraux se définit également par la présence grandissante d’un bâti agricole au volume imposant, dont la perception est accentuée par l’ouverture du paysage. L’impact visuel de ces bâtiments diffère selon leur implantation, les volumes, la nature et la couleur des matériaux utilisés, présence ou non d’une structure végétale à proximité. Le dynamisme de l’activité agricole se matérialise par ailleurs par le développement de l’élevage bovin et avicole avec notamment l’élevage label ou de filière (Loué- Bel) qui conditionnent l’architecture mais aussi et surtout les trames végétales associées. L’atlas départemental des paysages de la Mayenne de 1999 mentionnait un début de développement de bâtiments d’élevage bovin, ce phénomène aujourd’hui généralisé, les rend caractéristique de ce paysage.

Le développement de l'élevage, notamment avicole, est visible au sein de l'unité. Il pose des nouveaux enjeux en termes d'intégration paysagère des bâtiments agricoles (Sainte-Suzanne – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le développement de l’élevage, notamment avicole, est visible au sein de l’unité. Il pose des nouveaux enjeux en termes d’intégration paysagère des bâtiments agricoles (Sainte-Suzanne – 2015)



L’exemple de Sainte-Suzanne montre par ailleurs le maintien des prairies principalement dans les secteurs de vallée. Par ailleurs, dans la même logique d’évolution que pour les unités voisines, les nombreux vergers qui existaient autour de la ville ont quasiment tous été supprimés. Implantés autrefois sur les coteaux ils offraient au bourg une couronne fleurie aujourd’hui disparue. Si la partie caractéristiques mentionne le maintien des vergers autour des hameaux ruraux, les vergers situés aux abords des bourgs s’effacent au profit des développements urbains.

Un renforcement des boisements sur les versants et dans les vallées

L’exemple de Sainte-Suzanne permet de constater un renforcement progressif des principaux boisements. L’orthophoto de 2010 montre ainsi une descente de l’extrémité ouest de la forêt de la Grande Charnie sur les versants, ainsi qu’une densification du couvert végétal au niveau de la vallée de l’Erve. Les exploitants forestiers semblent de plus en plus délaisser les crêtes pour planter les boisements sur les versants où les terres sont plus fertiles. Dans le cas de Sainte-Suzanne, le développement des boisements les plus récents se composent ainsi de peupliers, qui investissent progressivement les abords de l’Erve, et de conifères qui s’implantent davantage sur les versants. Dans le cas des vallées, l’évolution tend ainsi vers une fermeture progressive des paysages et la perte de lisibilité des cours d’eau.

Le développement de l'activité sylvicole est notamment visible dans le secteur du Bois d'Hermet (Mézangers – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le développement de l’activité sylvicole est notamment visible dans le secteur du Bois d’Hermet (Mézangers – 2015)

L'enfrichement progressif et le développement des peupleraies contribuent à fermer les paysages de vallée (Sainte- Suzanne – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’enfrichement progressif et le développement des peupleraies contribuent à fermer les paysages de vallée (Sainte- Suzanne – 2015)

Sainte-Suzanne – Orthophoto 1996 en grand format (nouvelle fenêtre)
Sainte-Suzanne – Orthophoto 1996

Sainte-Suzanne – Orthophoto 2010 en grand format (nouvelle fenêtre)
Sainte-Suzanne – Orthophoto 2010



Le secteur de Sainte-Suzanne connaît un développement urbain qui se tourne exclusivement vers les coteaux sur la partie ouest du bourg. Les plateaux agricoles situés à l’ouest du bourg sont ainsi progressivement gagnés par l’extension urbaine qui continue à se développer, comme en témoigne la comparaison des orthophotos de 1996 et 2010.

Les extensions de Sainte-Suzanne sur les plateaux à l'ouest du bourg prennent la forme d'un tissu pavillonnaire (Sainte- Suzanne – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les extensions de Sainte-Suzanne sur les plateaux à l’ouest du bourg prennent la forme d’un tissu pavillonnaire (Sainte- Suzanne – 2015)



L’unité paysagère offre par ailleurs d’autres modèles de diffusion pavillonnaire pour lesquels les principes de continuité du bâti ne sont pas structurants. Ainsi, à Sillé-le-Guillaume, le développement urbain s’est opéré sous forme de mitage qui depuis la vallée de la Vègre, a progressivement gagné les coteaux au nord du bourg, en se diffusant le long des axes. Cette évolution de la ville contribue à perturber la lisibilité de la transition entre ville et campagne.

L'orthophoto permet de constater le phénomène de mitage et de dispersion en cours dans le secteur de Sillé-le-Guillaume (2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’orthophoto permet de constater le phénomène de mitage et de dispersion en cours dans le secteur de Sillé-le-Guillaume (2010)



La mise en valeur du patrimoine urbain

Labellisée à plusieurs titres, la commune de Sainte-Suzanne abrite un patrimoine exceptionnel qui assure son attractivité touristique. La valorisation de ce patrimoine implique notamment des interventions qualitatives sur l’espace public.

La mise en valeur du patrimoine médiéval de Sainte-Suzanne implique des interventions qualitatives sur l'espace public- (Sainte-Suzanne – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
La mise en valeur du patrimoine médiéval de Sainte-Suzanne implique des interventions qualitatives sur l’espace public- (Sainte-Suzanne – 2015)



A Sainte-Suzanne, la mise en valeur du patrimoine historique est également passée par la création du Centre médiéval et culturel du Maine, au sud du bourg, qui a investi un ancien site défensif préservé.

A l'image du Centre médiéval et culturel du Maine situé à Sainte-Suzanne, le patrimoine local est mobilisé à des fins touristiques (Sainte-Suzanne – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
A l’image du Centre médiéval et culturel du Maine situé à Sainte-Suzanne, le patrimoine local est mobilisé à des fins touristiques (Sainte-Suzanne – 2015)



Dans une moindre mesure, et à des fins moins touristiques, le centre ancien d’Évron a également fait l’objet d’une requalification importante.

Le centre d'Évron a fait l'objet d'une requalification de l'espace public qui favorise la mise en scène des éléments patrimoniaux (Évron – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le centre d’Évron a fait l’objet d’une requalification de l’espace public qui favorise la mise en scène des éléments patrimoniaux (Évron – 2015)



L’impact paysager du développement des équipements récréatifs

Le développement des loisirs et des activités touristiques s’est propagé à proximité de sites naturels de qualité ou d’espaces patrimoniaux. Des campings et des aires de stationnement, ont fleuri sur le territoire à proximité de la forêt domaniale de Sillé ou encore dans les vallées de l’Orthe, de l’Erve…

A Sainte-Suzanne, l'aménagement d'un site d'hébergement touristique a contribué à étendre la ville vers le sud (Sainte-Suzanne – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
A Sainte-Suzanne, l’aménagement d’un site d’hébergement touristique a contribué à étendre la ville vers le sud (Sainte-Suzanne – 2015)

Dans le secteur de Sainte-Suzanne, la mise en place de parcours invite à la découverte du patrimoine urbain et rural (Sainte-Suzanne – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Dans le secteur de Sainte-Suzanne, la mise en place de parcours invite à la découverte du patrimoine urbain et rural (Sainte-Suzanne – 2015)

A Mézangers, l'étang du Gué de Selle accueille aujourd'hui de nombreux équipements dédiés aux activités récréatives (Mézangers – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
A Mézangers, l’étang du Gué de Selle accueille aujourd’hui de nombreux équipements dédiés aux activités récréatives (Mézangers – 2015)

Carte IGN 2013 du secteur de Sainte-Suzanne (SCAN 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur de Sainte-Suzanne (SCAN 25)

Un faible développement urbain

L'unité des collines du Maine connaît des dynamiques constructives relativement faibles sur la période 2007-2011 (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’unité des collines du Maine connaît des dynamiques constructives relativement faibles sur la période 2007-2011 (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011)



Une multitude de petits pôles ruraux
L’éloignement des grandes agglomérations et des principaux pôles dans le secteur des collines du Maine explique un développement urbain modéré important. En raison du déploiement du réseau viaire, le développement urbain a été propice au mitage et la diffusion du bâti.
L’attractivité touristique et la volonté de préserver le patrimoine et les perspectives monumentales a permis de conserver une insertion paysagère de qualité aux abords de certains bourgs ruraux.

ÉEvron, l’émergence d’un pôle rural, relais des agglomérations du Maine

La Ville d’Évron s’est organisée au cœur d’un réseau routier en étoile. La ligne ferroviaire traverse le centre et a permis l’avènement de l’industrie à la fin du 19ème siècle. Le pôle s’est surtout organisé après la seconde guerre mondiale, par le développement de l’industrie agro-alimentaire notamment. Le tissu résidentiel s’est étalé jusqu’aux axes de déplacement qui englobent la ville. Au-delà de cette « rocade », l’urbanisation s’est propagée au Nord, entre équipements, activités et quartiers d’habitat. Quelques hameaux se sont construits en continuité des carrefours des axes principaux de déplacements et en marge du tissu aggloméré. Ils marquent les entrées de la ville mais cet effet vitrine attire des surfaces commerciales, parfois peu intégrées.

Carte IGN 2013 du secteur Sud de la ville d'Evron (SCAN 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur Sud de la ville d’Evron (SCAN 25)



Le développement urbain au Sud de la ville d’Évron témoigne de la dynamique et l’impact fort le long des axes de déplacements. D’une part l’expansion de l’habitat à dominante pavillonnaire s’est généralisée, d’autre part, les entreprises et structures commerciales se sont installées au plus près des carrefours stratégiques et visibles au maximum. La ville a su à minima cadrer son urbanisation au Sud dans les limites de sa rocade. A contrario, au Nord, la ville a débordé et témoigne des mutations paysagères fortes.

L'orthophoto permet de constater le phénomène développement pavillonnaire hors rocade au Nord de la ville d'Évron (2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’orthophoto permet de constater le phénomène développement pavillonnaire hors rocade au Nord de la ville d’Évron (2010)

L’inscription paysagère des infrastructures et des zones d’activités économiques

La seconde moitié du 20ème siècle a vu l’arrivée de grands groupes agro-alimentaires et a permis de développer une économie plus locale, basée sur un territoire agricole. Le long des axes ferroviaires et viaires, le tissu économique s’est propagé. Les grandes entreprises se sont installées, notamment à proximité d’Évron. La majorité de l’unité a connu un faible développement de zones d’activités et a préservé son caractère rural et agricole.

la surélévation de la voie ferrée dans un paysage assez horizontale accentue la visibilité de l'infrastructure (Brée – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
la surélévation de la voie ferrée dans un paysage assez horizontale accentue la visibilité de l’infrastructure (Brée – 2015)

Les bâtiments d'activités composent l'entrée de ville d'Evron depuis la RD 7 (Brée – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les bâtiments d’activités composent l’entrée de ville d’Evron depuis la RD 7 (Brée – 2015)

La présence d’activités spécifiques : les carrières

La Kabylie, carrière de Voutré
La Société des Carrières de Voutré possède une exploitation appelée la Kabylie sur les communes de Voutré, Saint-Georges-sur-Erve, Vimarcé (53) et Rouessé-Vassé (72).

La carrière de Kabylie situé à Voutré contribue à modifier le paysage (Torcé-Vivier-en-Charnie – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
La carrière de Kabylie situé à Voutré contribue à modifier le paysage (Torcé-Vivier-en-Charnie – 2015)



La carrière de Neau : La chaux aérienne, « le sel de l’industrie »
La carrière de Neau « Chaux et Dolomie Françaises » est l’unique site à extraire et fabriquer de la chaux aérienne dolomitique en France. L’autorisation d’exploitation a été renouvelée en 2013 par arrêté préfectoral.

Vue depuis les hauteurs de Montaigu au nord, la carrière de Neau et notamment ses bâtiments d'activités constituent un repère imposant dans le paysage (Brée – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue depuis les hauteurs de Montaigu au nord, la carrière de Neau et notamment ses bâtiments d’activités constituent un repère imposant dans le paysage (Brée – 2015)

Les parcs éoliens

L’unité est concernée par la présence et les projets éoliens qui créent de nouveaux repères dans le paysage.

Dans le secteur de bais, le développement d'un parc éolien créé de nouveaux repères dans le paysage agricole (Bais – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Dans le secteur de bais, le développement d’un parc éolien créé de nouveaux repères dans le paysage agricole (Bais – 2015)