Les dynamiques paysagères des bocages vendéens et maugeois

publié le 18 décembre 2015 (modifié le 2 janvier 2017)

Exemple d’évolution caractéristique de l’unité sur le secteur des Essarts

Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.

Les Essarts – Carte d'état-major (1866) - (source IGN) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les Essarts – Carte d’état-major (1866) - (source IGN)



Une implantation originelle à la croisée des axes historiques
La carte d’État-major de 1866 montre que le bourg des Essarts s’implante originellement à la croisée des axes historiques partant de Nantes vers le sud de la France, et de la voie royale – rectiligne - reliant La Roche-sur-Yon (et les Sables d’Olonne) à Cholet. Le bourg s’implante le long d’un affluent de la Petite Maine qui prend sa source sur le territoire communal. Le paysage est marqué par une trame bocagère très dense qui s’organise autour des vallées dessinées par une mosaïque de prairies (très lisibles en vert foncé sur la carte). Les hameaux ruraux sont diffus et s’implantent au bord de ces prairies en deçà des points hauts.

Si le château médiéval des Essarts s’implante directement dans le fond de vallée profitant des eaux de la rivière pour en faire ses douves, le bourg s’étend lui sur le coteau doux exposé au sud. Il présente une structure très dense de « village tas ». Quelques petits boisements et le bois de l’Herbergement referment le paysage.

Le château des Essarts, lové dans la vallée en grand format (nouvelle fenêtre)
Le château des Essarts, lové dans la vallée

Les Essarts– Orthophoto 1959 (source : IGN) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les Essarts– Orthophoto 1959 (source : IGN)

Les Essarts – Orthophoto 2010 (source : IGN) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les Essarts – Orthophoto 2010 (source : IGN)



Des infrastructures support du développement de l’urbanisation
La comparaison des orthophotos de 1959 et 2010 montre que les développements de l’urbanisation depuis la deuxième moitié du XXème siècle s’opèrent sur un schéma contredisant la forme urbaine resserrée de l’implantation médiévale. Désormais, l’extension sous forme pavillonnaire s’impose à un rythme accéléré, et notamment au sud-ouest du bourg, le long de la route départementale menant à La Roche-sur-Yon.
L’implantation des activités est largement tributaire des voies structurantes. Ainsi, le prolongement du bourg des Essarts vers le sud-ouest, mais surtout les abords de la sortie autoroutières de l’A83 sont le lieu d’un développement soutenu des zones d’activités depuis plusieurs décennies. On retrouve le même phénomène pour le bourg de Sainte Florence qui voit ses entrées marquées au nord par le développement d’une scierie et au sud par une carrière de roche massive.

Développement important du bourg ancien des Essart tant par le pavillonnaire que les activités (source : CAUE de Vendée) en grand format (nouvelle fenêtre)
Développement important du bourg ancien des Essart tant par le pavillonnaire que les activités (source : CAUE de Vendée)



La position stratégique historiquement reconnue des lieux se perpétue. Des voies royales aux autoroutes de portée nationale, les évolutions du paysage sont ici particulièrement marquées par les grandes infrastructures routières et les activités exploitant leurs potentialités. La carte IGN de 2013 montre que le paysage de la commune des Essarts est fortement marqué par la présence de deux axes de transit national, l’A87 et l’A83. L’amplitude de l’échangeur autoroutier est ainsi aussi importante que la taille du village
des Essarts dans les années 50. De plus, la linéarité de ces axes autant que leur ancrage imposant sur le territoire, contribuent à former une forme de « barrière » paysagère.

Une homogénéisation des paysages bâtis à travers une production d’habitats pavillonnaires « reproductibles »
Le développement récent est marqué par l’extension de l’urbanisation au sud du bourg des Essarts sous la forme d’un tissu pavillonnaire diffus. La prolifération de ce modèle contribue à une certaine forme d’homogénéisation des paysages bâtis de frange qui atténue les limites entre l’espace urbain et l’espace rural.

Carte IGN 2013 du secteur des Essarts (source : Scan 25- IGN) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur des Essarts (source : Scan 25- IGN)



Des paysages bocagers dont la dynamique d’ouverture se poursuit
Conséquence du développement des grandes infrastructures sur le territoire, mais également du remembrement né des pressions de l’activité agricole, le phénomène de regroupement parcellaire est particulièrement visible sur cette unité paysagère. L’impact sur le réseau bocager en nette diminution est particulièrement marqué, contribuant à ouvrir le paysage.

Ambiance de plateau bocager ouvert au nord des Essarts en grand format (nouvelle fenêtre)
Ambiance de plateau bocager ouvert au nord des Essarts



Si les plateaux de l’unité paysagère se caractérisent en partie par la présence de grandes cultures au paysage ouvert, les secteurs de vallée du bocage vendéen et maugeois abritent souvent des trames de haies plus denses, créant ainsi à l’échelle de l’unité un paysage de bocage semi-ouvert, notamment au sein de la sous-unité du bocage maugeois. Corolaires du développement des grandes cultures qui nécessitent beaucoup d’arrosage (et notamment les plantes fourragères comme le maïs), de nombreuses retenues d’eau collinaires ont été créées sur les parties amont des petits cours d’eau. Comme le montre bien la carte IGN de 2013, c’est un véritable paysage d’étangs aux formes géométriques qui est apparu avec l’ouverture du bocage.

Un enjeu fort d'intégration dans la trame bocagère des vallons des retenues d'eau collinaires en grand format (nouvelle fenêtre)
Un enjeu fort d’intégration dans la trame bocagère des vallons des retenues d’eau collinaires



Des paysages forestiers stables
Face à l’ouverture des paysages provoquée par la diminution du réseau bocager, le maintien des paysages forestiers sur le territoire, et principalement de la forêt de l’Herbergement, assurent un contraste entre ouverture et fermeture du paysage.

L’inscription paysagère de l’activité agricole et des nouvelles infrastructures

Le développement de l’activité agricole sur le territoire n’est pas sans conséquence sur le paysage. Les bâtis d’élevage ou d’exploitation récents s’inscrivent dans les continuités des hameaux traditionnels, et constituent un ancrage visuel fort dans le cadre des paysages ouverts. Ils se distinguent non seulement par leur échelle plus importante mais aussi par leur répétition et leur implantation.
A cela s’ajoutent de nouveaux repères dans le paysage avec la création depuis une dizaine d’année de plusieurs parcs éoliens notamment dans les Mauges et le développement de toitures solaires sur de grands hangars agricoles.

Vue sur les parcs éoliens maugeois depuis la colline des Gardes en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue sur les parcs éoliens maugeois depuis la colline des Gardes

Un hangar monumental à toiture solaire monopente qui se distingue dans le bocage en grand format (nouvelle fenêtre)
Un hangar monumental à toiture solaire monopente qui se distingue dans le bocage

Dynamiques paysagères liées à l’étalement de l’urbanisation pavillonnaire en périphérie

L'unité paysagère connait des pressions urbaines assez soutenues entre polarisation des agglomérations et attractivité des axes principaux (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’unité paysagère connait des pressions urbaines assez soutenues entre polarisation des agglomérations et attractivité des axes principaux (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011)



Si les silhouettes traditionnelles des bourgs ont évolué face à la pression de l’urbanisation et abritent aujourd’hui des modèles différents de ceux d’autrefois, les paysages montrent d’autres changements relatifs à l’aménagement du territoire. L’essor des voies de communication, avec la construction des autoroutes A83 (Nantes/Niort) et A87 (Les Sables d’Olonne/Angers), le doublement des voies, la mise en place de contournements routiers, ont permis un désenclavement certain du territoire qui a profité à l’agriculture, aux activités tertiaires et au tourisme. Il renverse par ailleurs le sens de lecture du bourg : on ne traverse plus la rue commerçante on voit aujourd’hui uniquement les franges du bourg.

Vue aérienne du contournement et des extensions urbaines des Brouzils (Source : CAUE de Vendée) en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue aérienne du contournement et des extensions urbaines des Brouzils (Source : CAUE de Vendée)

Dynamiques paysagères liées à l’étirement des façades commerciales le long des axes routiers et à l’essaimage des zones d’activités

Vue aérienne de l'écoparc des Essarts intégré dans sa trame végétale (Source : CAUE de Vendée) en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue aérienne de l’écoparc des Essarts intégré dans sa trame végétale (Source : CAUE de Vendée)



Profitant de cette opportunité de desserte, des zones d’activités et de nouveaux quartiers d’habitation ont vu le jour, remuant, transformant, façonnant le paysage de manière nouvelle et selon des échelles plus larges. Ces évolutions ont provoqué l’accumulation de hangars de type différents, sans unité et sans réflexion sur l’impact global, créant de fait un effet de masse peu harmonieux. Si ces changements tendent à uniformiser le paysage par l’emploi systématique des mêmes techniques, des exemples de projet bien conduits, bien intégrés ou innovants existent, montrant que la banalisation des paysages n’est pas une fatalité et que chaque territoire peut faire l’objet d’un aménagement qui lui correspond.
L’Ecoparc d’activités des Essarts en constitue un exemple récent, appuyé sur des aménagements paysagers respectueux du contexte et de l’environnement.
Cette unité paysagère profondément rurale est certainement celle dans la région qui est marquée par les plus fortes dynamiques d’évolution à la fois rurales, infrastructurelles et urbaines. Si ces dynamiques se complètent elles peuvent parfois se concurrencer, elles participent en tout cas à de fortes mutations rapides des paysages.