Les dynamiques paysagères de la Loire estuarienne

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 30 décembre 2016)

Exemple d’évolution caractéristique du secteur de Cordemais

Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.

Un site privilégié au coeur d’un lit protégé

Cordemais – Carte d'état-major (1866) - (SCAN Historique à l'échelle du 1 : 40000) en grand format (nouvelle fenêtre)
Cordemais – Carte d’état-major (1866) - (SCAN Historique à l’échelle du 1 : 40000)



Cordemais est à l’origine un bourg perché en retrait par rapport à la Loire. Il dispose d’un port ligérien principal sur le fleuve mais également des petits ports secondaires sur les nombreux canaux qui desservent les prairies inondables. Le premier port est fondé au XIème siècle et animé par les activités axées sur le commerce et le sel. Afin de pallier l’envasement, le port du lieu-dit La Côte émerge dans le bras de la Loire durant la seconde moitié du XIXème siècle. L’activité croissante amène le site portuaire s’agrandir à la fin du XIXème siècle. En 1970, la centrale thermique EDF s’implante sur la commune.
La carte d’État-major illustre la présence de paysages humides majoritaires et le regroupement des secteurs bâtis sur les coteaux ou promontoires.

La simplification du tracé ligérien et la différenciation des pratiques agricoles

Cordemais – Orthophoto 1948 (BD ORTHO Historique 1948) en grand format (nouvelle fenêtre)
Cordemais – Orthophoto 1948 (BD ORTHO Historique 1948)



La chenalisation de la Loire a simplifié le passage et pérennisé la fonction agricole des anciens cours du fleuve avec l’atterrissage des îles. Au-delà des pratiques différentes sur le coteau et dans le marais, les deux espaces se distinguent par leur parcellaire resserré sur le coteau et plus large sur les basses terres humides.

Le développement d’un paysage industriel à part

Cordemais – Orthophoto 2012 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Cordemais – Orthophoto 2012 (BD ORTHO)



L’usine de Cordemais, plus grande centrale thermique de France, représente un véritable repère dans le paysage de l’unité. Des réseaux de distribution de l’énergie en émanent afin d’irriguer le territoire. Ces grandes lignes droites filant à l’horizon confèrent une certaine linéarité au paysage. De nombreuses usines se sont implantées à proximité, sur les rives de la Loire, et cette zone industrielle nouvelle continue encore aujourd’hui de se développer.

Le réseau des lignes THT a pleinement influé sur l'évolution du paysage urbain de Cordemais, à la fois à travers sa présence marquante dans le paysage mais aussi en tant que limite au développement urbain vers l'est. (Cordemais) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le réseau des lignes THT a pleinement influé sur l’évolution du paysage urbain de Cordemais, à la fois à travers sa présence marquante dans le paysage mais aussi en tant que limite au développement urbain vers l’est. (Cordemais)



Le petit port historique de Cordemais est toujours en activité, contrairement aux petites infrastructures donnant sur les canaux du bocage qui ont peu à peu été abandonnées.
A l’échelle de l’unité paysagère de la Loire estuarienne, l’industrie connaît en rive Nord de la Loire un fort développement sur le territoire de l’unité et notamment dans les secteurs industriels de pointe comme l’aéronautique par exemple, grâce à l’implantation des usines Airbus. Les infrastructures portuaires connaissent également une phase d’expansion.
La zone du Carnet, située à l’est de Paimboeuf, à cheval sur les communes de Frossay et Saint-Viaud, est un espace de 400 hectares apparentant au Grand port de Nantes Saint-Nazaire. Le site devrait accueillir sur une centaine d’hectares des activités liées aux énergies renouvelables.

Une diffusion urbaine progressive des coteaux vers la Loire

Une diffusion progressive le long des axes qui a enclavé des coeurs d'îlots végétalisés dans le bourg de Cordemais – Orthophoto 2012 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une diffusion progressive le long des axes qui a enclavé des coeurs d’îlots végétalisés dans le bourg de Cordemais – Orthophoto 2012 (BD ORTHO)



L’urbanisation (équipements, entreprises, zones pavillonnaires), s’est développée de long de a voie reliant le pôle industriel et portuaire au bourg de Cordemais situé dans les terres hautes. Alors que le bâti historique était très dense on retrouve en extension du bourg des quartiers résidentiels au tissu urbain très aéré, où les voies de desserte en impasse sont nombreuses.

Les opérations récentes, malgré certains principes de mitoyenneté, composent un paysage en rupture par rapport au centre historique (Cordemais) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les opérations récentes, malgré certains principes de mitoyenneté, composent un paysage en rupture par rapport au centre historique (Cordemais)

Carte IGN 2013 du secteur de Cordemais (SCAN 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur de Cordemais (SCAN 25)



Une lente diminution du bocage et des activités d’élevage
Le réseau bocager est resté relativement dense malgré une dynamique de regroupement parcellaire qui a impliqué l’ouverture du paysage agricole des terres hautes, notamment à proximité des secteurs urbanisés.
On peut également noter le développement récent d’une ripisylve sur certains canaux.
La surface agricole de l’unité vouée à l’élevage tend à diminuer progressivement. Les pressions résidentielles et industrielles très fortes sur le secteur de Cordemais, à l’image de ce que l’on retrouve sur l’unité, induisent un grignotage progressif des terres agricoles. L’activité d’élevage est en pleine mutation. Elle se modernise, s’adapte aux pressions et aux exigences actuelles ce qui modifie le paysage, notamment avec l’apparition de vastes bâtiments de tôle. L’élevage malgré tout persiste, de même que certains modes de fonctionnement traditionnels : les marais inondables, territoires de pâture pour les animaux, demeurent encore aujourd’hui en indivision. Ces marais, totalement immergés en hiver restent inconstructibles et conservent leur fonction traditionnelle.

Le réseau bocager s'ouvre progressivement (Cordemais) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le réseau bocager s’ouvre progressivement (Cordemais)

Une pression urbaine importante aux abords des agglomérations nantaise et nazairienne

(source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011) en grand format (nouvelle fenêtre)
(source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011)



L’agglomération Nantaise exerce aujourd’hui une très forte pression urbaine sur le territoire de l’unité. Avec le développement du réseau de communication (renouvellement et pérennisation du réseau routier, développement du réseau ferré, diversification de l’offre de transports en commun…) de nombreuses familles quittent les agglomérations, qu’il s’agisse de celles de Nantes ou bien de Saint-Nazaire.
L’extension urbaine qui en découle suit un schéma classique de développement pavillonnaire. Les quartiers urbains gagnent peu à peu du terrain sur le bocage et les coteaux. Ce développement urbain est cependant confronté au développement industriel qui s’effectue dans le même temps et sur des territoires voisins. Urbanisation et industrie se côtoient et s’entremêlent pour former un tissu urbain hétéroclite et disparate.
L’afflux d’une nouvelle population relance le développement des zones commerciales et du commerce de proximité. Des sociétés de service se créent pour répondre aux besoins des nouveaux habitants. Les équipements de loisirs se développent.

L'estuaire de la Loire en 1850. en grand format (nouvelle fenêtre)
L’estuaire de la Loire en 1850.

L'estuaire de la Loire début XXIème siècle en grand format (nouvelle fenêtre)
L’estuaire de la Loire début XXIème siècle

Un développement des infrastructures linéaires

Le maillage industriel dense nécessite un réseau de transport adapté. On assiste sur l’unité à un surdéveloppement du réseau routier sur le territoire. Celui-ci s’accompagne également d’un fort développement du réseau de distribution de l’énergie, qui est alimenté par l’usine de Cordemais toute proche, afin de répondre aux besoins croissants des industries nouvelles.
Le réseau ferré structure également fortement le territoire. Le développement s’effectue directement à proximité des gares. La ligne de chemin de fer traverse la raffinerie pétrolière de Donges.

Mise en scène et découverte de l’estuaire

En 2007, 2009 et 2012, les manifestations « Estuaire » ont fait l’objet de l’installation d’une trentaine d’œuvres, de Nantes à Saint-Nazaire, ponctuant le fleuve et invitant à sa découverte et à une perception nouvelle. La Maison dans la Loire à Couëron (Jean-Luc Courcoult), la Villa cheminée à Cordemais (Tatzu Nishi), l’Observatoire à Lavau-sur-Loire (Tadashi Kawamata), le Jardin étoilé à Paimboeuf (Kinya Maruyama) ou encore le Misconceivable au Pellerin (Erwin Wurm), sont autant d’oeuvres d’artistes qui interpellent le voyageur et son rapport au paysage.

La Villa cheminée, reprenant les codes des dynamiques paysagères récentes (la cheminé de l'usine thermique et le pavillon de la diffusion urbaine), appelle l'observateur à s'interroger sur ce qui fait le paysage (Cordemais) en grand format (nouvelle fenêtre)
La Villa cheminée, reprenant les codes des dynamiques paysagères récentes (la cheminé de l’usine thermique et le pavillon de la diffusion urbaine), appelle l’observateur à s’interroger sur ce qui fait le paysage (Cordemais)



Le secteur touristique est en expansion et le développement industriel récent a également fait émerger un tourisme d’affaires.