Les dynamiques paysagères de l’agglomération mancelle

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 3 janvier 2017)

Exemple d’évolution du secteur sud-ouest de l’agglomération mancelle

Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.

Pour en savoir plus sur l’histoire du développement des paysages urbains du Mans

Carte d'état-major (1866) - (SCAN Historique à l'échelle du 1 : 40000) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte d’état-major (1866) - (SCAN Historique à l’échelle du 1 : 40000)



Du développement économique à l’explosion urbaine
En 1852, la première gare s’installe au Mans. Le chemin de fer va faire de la ville une place forte de l’industrie et du commerce, plate-forme d’échange entre l’Ouest et le bassin parisien. S’appuyant sur une solide agriculture, le Mans redevient une ville de négoce et d’affaires centrée sur la commercialisation des produits agricoles. C’est aussi le début de l’essor industriel. Les nouveaux repères de l’architecture industrielle monumentale ponctuent très rapidement la globalité du territoire urbain manceau.

Parallèlement, ce développement s’accompagne d’un étalement urbain linéaire le long des voies historiques et par quartiers avec la création de quartiers ouvriers à proximité de ces industries ou non loin de la gare. La ville s’étend, vers le Sud et vers l’Est, en continuité des premiers quartiers commerçants érigés au XVIIIème siècle. La route vers Pontlieue se structure et va engendrer les principales extensions urbaines du 19ème siècle. Ainsi, l’augmentation de la population de 17000 habitants en 1801(27 000 en 1850 - 55 000 en 1880) à 60 000 habitants en 1896, va étirer la ville jusqu’à la vallée de l’Huisne au Sud, au-delà du chemin de fer. C’est durant ce siècle que commence à se développer le tissu particulier des Mancelles : petites maisons mitoyennes de plain-pied ou à étages, elles se caractérisent par une architecture simple et très homogène et un alignement de façades donnant directement sur une rue rectiligne. Sur la partie intérieure de l’îlot se déroule une bande de jardins privatifs desservis par une allée centrale qui permettait de se rendre aux puits. Ces quartiers vont rapidement former l’identité du paysage urbain manceau que l’on connaît actuellement.

Paysage urbain des Mancelles organisées en alignement sur rue refermant l'ilot urbain sur un coeur vert de jardins imperceptibles depuis la rue en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage urbain des Mancelles organisées en alignement sur rue refermant l’ilot urbain sur un coeur vert de jardins imperceptibles depuis la rue



Isolé sur son promontoire, asphyxié par l’étroitesse de ses rues, le Vieux Mans est déserté dès la deuxième partie du XIXème siècle par les riches familles qui partent "au grand air" laissant place à une population souvent pauvre. La vieille ville n’est plus adaptée à ce siècle avide d’espace pour les ateliers ou les usines, les établissements commerciaux, les nouveaux habitants. Le centre se recycle où des nouveaux quartiers se créent, notamment autour de la gare ou du nouveau port sur la Sarthe, et ce de façon plus ou moins anarchique. Ces quartiers s’affirment autour de la place des Halles (actuelle place de la République) qui constitue un pôle urbain majeur, un carrefour commercial aux multiples visages.

Le Mans – Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le Mans – Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958)



L’orthophoto de 1958 montre que la ville s’est essentiellement développée à l’est de la Sarthe. Une première zone d’activités est aménagée le long du chemin de fer vers Paris mais les cités ouvrières se sont principalement développées dans les vallées de la Sarthe et de l’Huisne. A cette période, l’expansion urbaine se traduit essentiellement par de vastes zones d’activités, des quartiers ouvriers et des grands ensembles. Associé au réseau hydrographique, le maillage dense des infrastructures cadre de manière singulière le développement de l’urbanisation.

Le Mans – Orthophoto 2010 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le Mans – Orthophoto 2010 (BD ORTHO)



Du remaniement à l’étalement urbain
Le XXème siècle va continuer l’histoire urbaine du Mans sur la même lancée voir même l’amplifier après guerres. Le centre-ville est remanié dans le cadre des grands travaux notamment pour la mise en place du tramway. La marque la plus impressionnante sera la grande percée effectuée dans la vieille ville pour désengorger le centre où les grandes enseignes commerciales fleurissent. Avec le développement industriel consécutif à la seconde guerre mondiale, les problématiques de logement deviennent de plus en plus aiguës. Deux nouvelles formes urbaines apparaissent dans le paysage de la ville :

  • Les lotissements de pavillons d’habitations ou les maisons en série des cités ouvrières telles la cité des Pins qui s’étalent autour des ateliers ou des usines. La consommation d’espaces est plus importante et la densité relative que l’on retrouvait avec les Mancelles est moins forte dans ces nouveaux quartiers.
  • Dans le centre où l’espace est saturé, des opérations de grands ensembles (Paul Courboulay ou la Percée Centrale) marquent la ville avec de nouveaux repères monumentaux. L’architecture est moins détaillée et plus fonctionnelle.
Ambiance urbaine répétitive des maisons en séries de la cité ouvrière des Pins aménagée près des centres de production (Le Mans) (source : CAUE de la Sarthe) en grand format (nouvelle fenêtre)
Ambiance urbaine répétitive des maisons en séries de la cité ouvrière des Pins aménagée près des centres de production (Le Mans) (source : CAUE de la Sarthe)



Parallèlement, la ville se transforme progressivement pour s’adapter à la circulation automobile. Les grands axes sont investis par de larges voies de circulation et les trottoirs par les stationnements. Bien souvent, les arbres d’alignement qui accompagnaient le voyageur depuis la campagne jusqu’à la ville ont été supprimés pour laisser place à la voiture.

Un report successif des limites de l’urbanisation
L’urbanisation de la ville du Mans a connu peu de limites franches après la Seconde guerre mondiale. Les franges du tissu artificialisé sont aujourd’hui variées et parfois peu lisibles. Poussé par un dynamisme industriel, touristique ou encore résidentiel, le développement de l’agglomération s’est réalisé de manière diffuse sans modèle identitaire. Les franges urbaines du Mans sont venues rejoindre celles de certains bourgs avoisinants.
En comparant les limites de l’agglomération entre 1958 et 2010, toutes les franges urbaines ont progressé et témoignent de l’absence de limites naturelles ou physiques suffisamment contraignantes ou incontournables à l’expansion de la ville. Les vallées de la Sarthe et de l’Huisne, malgré leur caractère inondable et les risques qui y sont associés, ne représentent plus des limites mais constituent des continuités paysagères « semi-naturelles » englobées dans un tissu urbain. Toutefois, ce développement multidirectionnel est resté relativement maîtrisé, comparativement à ce qui a pu être observé dans les agglomérations situées à l’ouest de la région.
L’implantation initiale sur un promontoire et la construction d’édifices monumentaux avaient créé des éléments de repères de la ville, dont la perception est aujourd’hui amoindrie par le vaste champ urbain et la distension des axes de transports.

Carte IGN 2013 du secteur du Mans (SCAN 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur du Mans (SCAN 25)



La densification des paysages urbains
A l’image de ce qui peut s’observer dans la majorité des grandes agglomérations, les dynamiques constructives récentes du secteur manceau ne sont pas qu’extensives. Ainsi, une nouvelle dynamique de densification des paysages urbains se constate à travers des opérations de renouvellement urbain mais aussi d’optimisation des terrains non construits.
La comparaison des orthophotos de 1958 et de 2010 illustre parfaitement la conquête de secteurs qui, englobés par l’urbanisation, demeuraient libres.
Dans le tissu urbain constitué, des opérations ponctuelles de densification se sont réalisées, sur des terrains non bâtis ou sous la forme de renouvellement urbain avec démolition-reconstruction. A ce titre, avec l’arrivée du TGV en gare du Mans, les quartiers périphériques ont connu une mutation sensible, accentuée par le développement des deux lignes de tramway.
A l’échelle de l’unité paysagère, cette dynamique se perçoit également dans les bourgs voisins. La recherche de modèles urbains limitant la consommation d’espaces agricoles a fait émerger de nouvelles formes urbaines plus compactes contrastant avec le paysage des quartiers pavillonnaires peu denses des dernières décennies. Ainsi, ces nouvelles opérations, à l’image de la rue de Touraine à Yvré l’Évêque retrouvent une composition proche des paysages de rue et de ruelles qui composent les tissus anciens.

Exemple d'une nouvelle opération dense sur la commune d'Yvré-l'Évêque (Yvré-l'Évêque - 2015). en grand format (nouvelle fenêtre)
Exemple d’une nouvelle opération dense sur la commune d’Yvré-l’Évêque (Yvré-l’Évêque - 2015).



Un maillage des infrastructures routières et ferrées qui influence l’évolution des paysages
Le maillage dense de réseaux routier et ferroviaire est une caractéristique qui influence l’aménagement urbain. Parfois contrainte physique et parfois atout en matière d’accessibilité, ces supports de communication influencent les paysages périphériques.
Avec sa signalétique et ses infrastructures propres, son organisation spatiale particulière, le paysage ferroviaire semble complètement déconnecté de la ville : il la traverse, elle s’y adapte. Ce constat est assez flagrant avec la recomposition du quartier Gare sud lié à l’arrivée du TGV et gare nord avec l’arrivée du tramway. Avec sa concentration des modes de transports collectifs, la gare constitue aujourd’hui un pôle de vie majeur du centre urbain manceau.

La gare et sa place, un paysage urbain toujours vivant animant le centre-ville (Le Mans) en grand format (nouvelle fenêtre)
La gare et sa place, un paysage urbain toujours vivant animant le centre-ville (Le Mans)



Les infrastructures routières sont également très présentes dans le paysage de l’agglomération et ont connu cette dernière décennie une croissance importante avec l’aménagement du croisement autoroutier de l’A11, l’A81 et de l’A28 ainsi que le bouclage du secteur nord-est de la ceinture de la RD 313. Si les grosses artères routières ont longtemps été rayonnantes depuis le cœur du Mans ces nouvelles infrastructures redéveloppent le vocabulaire routier des 2x2 voies et échangeurs en catalysant le développement urbain à proximité. On ne traverse plus le Mans, on le contourne. La cathédrale n’est plus le point de mire des pénétrantes de la ville, ce sont aujourd’hui les paysages périurbains et leur diversité qui sont perçus.

Carte de localisation des noeuds autoroutiers et ferroviaires ainsi que de l'aire du circuit des 24h en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de localisation des noeuds autoroutiers et ferroviaires ainsi que de l’aire du circuit des 24h



A l’opposé, une majorité des voies structurantes constitue un support privilégié pour le développement urbain, en raison de l’accessibilité facilitée et de l’« effet vitrine » qui peut être induit. Cette dynamique d’artificialisation des paysages se traduit en partie par une diffusion des quartiers résidentiels mais aussi et surtout par un développement économique. Marquées par un « effet vitrine » prépondérant, les infrastructures routières de l’agglomération mancelle témoignent du fort impact paysager des activités commerciales et industrielles. La majorité des entrées de l’agglomération est en effet parsemée de grands équipements, d’enseignes publicitaires et de bâtiments d’activités.

Multitude d'enseignes et de bâti d'activités commerciales dans la zone économique Nord, le long de la RD 338 dans la ZAC des Portes de l'Océane (Le Mans – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Multitude d’enseignes et de bâti d’activités commerciales dans la zone économique Nord, le long de la RD 338 dans la ZAC des Portes de l’Océane (Le Mans – 2015)



Au même titre que le développement industriel ou commercial, les équipements et infrastructures liés au sport automobile se sont développés sur la partie sud de l’agglomération : musée, circuit automobile, vocation sportive confirmée avec la salle omnisport ANTARES et le récent stade de football MMArena… Un ensemble d’espaces associés ont émergé en accompagnement de ce pôle spécifique, notamment grâce à l’ééènement des 24h du Mans et au musée de l’Automobile. De nombreux hôtels, services, activités et autres équipements se sont installés à proximité. Le paysage routier et infrastructurel est par ailleurs renforcé par le macadam de l’aérodrome et la gare de triage situés à proximité de ce pôle qui caractérise la ville du Mans.

Une plateforme commerciale et industrielle aux paysages monumentaux

Zoom comparatif des orthophotos de 1957 et 2013 – triangle d''Allonnes (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Zoom comparatif des orthophotos de 1957 et 2013 – triangle d’’Allonnes (BD ORTHO)



La comparaison des orthophotos de 1958 et de 2010 met clairement en évidence une évolution majeure des paysages du sud de l’agglomération mancelle : d’un paysage de prairies bocagères et de carrières d’extraction des sables et graviers à un paysage industriel et d’équipements. Les axes des RD 147 et 23 et la patte d’Oie d’Allonnes sont parfaitement identifiables et constituent un repère comparatif. Dès 1958, en appui le long des voies ferrées, le parcellaire commence à se diviser sous la forme d’un parcellaire rectangulaire… le processus d’industrialisation est en marche. Les sites des carrières mais aussi le fond de vallée la Sarthe ont été progressivement remblayés pour rendre l’espace constructible et hors zone inondable. Les implantations industrielles viennent souligner la rivière, seule la ripisylve a été préservée.

La zone industrielle sud s'est implantée sur les anciennes pâtures inondables de la Sarthe, encore préservées sur la rive droite (Allonnes) en grand format (nouvelle fenêtre)
La zone industrielle sud s’est implantée sur les anciennes pâtures inondables de la Sarthe, encore préservées sur la rive droite (Allonnes)



A l’ouest du canal de navigation shuntant le méandre, une zone de petits terrains privatifs de loisirs cloisonne l’espace et ferme le paysage. Ces phénomènes de remblaiement et de « cabanisation » s’observent à d’autres endroits de la vallée de la Sarthe dans la traversée de l’unité (zone commerciale nord pour les remblais – Arnage au sud pour la « cabanisation »). Au même titre, certains secteurs des bords de l’Huisne ont fait l’objet d’une urbanisation plus récente comme le quartier de Funay.
Les zones commerciales et industrielles se caractérisent par une consommation importante de l’espace avec la présence marquante d’infrastructures et de surfaces de stationnement ou de stockage. Dans ces surfaces, des volumes simples et imposants, sont implantés relativement éloignés les uns des autres, avec des effets d’enseignes sur les axes principaux. On en perçoit donc un ensemble d’échelle monumentale, assez hétéroclite et dilué mélangeant les couleurs et les textures (surtout lorsque les zones de stockage ou de stationnement sont pleines).
Dans le contexte plus général de l’agglomération, la zone d’activités sud-ouest ferme complètement la façade sur la Sarthe et l’isole derrière une lisière urbaine de fonds de parcelles peu valorisants. Ainsi sa ripisylve est perceptible par quelques fenêtres mais la rive gauche demeure complètement inaccessible. Compte tenu du caractère très naturel de la Sarthe sur le territoire d’Allonnes, cela crée un déséquilibre fort dans le paysage de la vallée.
Ces zones sont également structurées par des axes larges de desserte (Boulevard Pierre Lefaucheux et RD 338) qui drainent un réseau d’espaces publics dimensionnés pour les gros gabarits de véhicules. La monotonie de leur traitement et leur longueur contribuent à créer des portes d’entrées sur la ville certes monumentales mais assez banalisantes, malgré la proximité de la vallée de la Sarthe et la présence sur l’horizon de ses coteaux boisés.

Paysage monumental et banal de la zone d'activités marquant l'entrée sud du Mans, Bd Pierre Lefaucheux (Le Mans – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage monumental et banal de la zone d’activités marquant l’entrée sud du Mans, Bd Pierre Lefaucheux (Le Mans – 2015)



La Sarthe une rivière inondable dans la traversée de l’agglomération mancelle
Le territoire manceau est concerné par les inondations principalement de la Sarthe mais également de l’Huisne. La dernière grande crue majeure connue sur le secteur de Le Mans Métropole est celle de Janvier 1995 (dont la période de retour est tous les 20 à 50 ans) avec un niveau de +3,21 m des eaux de la Sarthe par rapport au niveau normal. Depuis, deux crues majeures se sont produites : décembre 1999 : + 3,07 m ; janvier 2001 : + 3 m.
Il apparaît que l’intensité des crues a augmenté au fils du temps, d’où la nécessité de mettre en place des actions pour prévenir ce risque au maximum. En plus des inondations provoquées par ces axes hydrauliques drainant le territoire du Pays du Mans, la périphérie sud de l’agglomération mancelle est concernée par des remontées de la nappe phréatique. Lorsque les précipitations sont importantes et que le sol est saturé d’eau, il arrive que le niveau de la nappe remonte, entraînant une inondation locale pouvant atteindre quelques dizaines de centimètres. Ces phénomènes ont été observés sur les nappes libres perméables des sables du Cénomanien.

Carte des PPRI de Le Mans Métropole (source : LE MANS METROPOLE, IGEONET. Cadastre et plan local d'urbanisme. [en ligne] disponible sur https://igeonet.lemans.fr/igeonet_plu/ (Consulté en 04/2015)) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte des PPRI de Le Mans Métropole (source : LE MANS METROPOLE, IGEONET. Cadastre et plan local d’urbanisme. [en ligne] disponible sur https://igeonet.lemans.fr/igeonet_plu/ (Consulté en 04/2015))



La diffusion du bâti dans les paysages agricoles
Au-delà de l’espace aggloméré du Mans et du paysage urbain associé, les campagnes environnantes connaissent une forte pression foncière qui se traduit par l’émergence de nouveaux paysages « périurbains ». Le bourg de Rouillon, encore très resserré sur l’orthophoto de 1958 est désormais caractérisé par une urbanisation de lotissements pavillonnaires accolés, moins denses, mais qui conserve une cohérence et une continuité claire.

Zoom comparatif des orthophotos de 1958 et 2010 – bourg de Rouillon (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Zoom comparatif des orthophotos de 1958 et 2010 – bourg de Rouillon (BD ORTHO)

Zoom comparatif des orthophotos de 1958 et 2010 – bourg de Rouillon (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Zoom comparatif des orthophotos de 1958 et 2010 – bourg de Rouillon (BD ORTHO)



De manière plus diffuse et sans logique urbaine, de nombreuses constructions sont venues miter les campagnes proches de l’agglomération. Le coût du foncier et la présence d’un réseau routier secondaire ont engendré un développement occasionnel qui complexifie la lecture paysagère de ces espaces. Le paysage des vallons voit se multiplier le nombre de constructions individuelles et le passage entre espace résidentiel et champs est de moins en moins net.

Étalement urbain prononcé à l'Ouest de l'agglomération entre opérations d'extension des bourgs et mitage de l'espace rural (IGN – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Étalement urbain prononcé à l’Ouest de l’agglomération entre opérations d’extension des bourgs et mitage de l’espace rural (IGN – 2015)



La valorisation du paysage urbain à travers une requalification de l’espace public

Paysage urbain ouvert sur l'axe du tramway (Le Mans – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage urbain ouvert sur l’axe du tramway (Le Mans – 2015)

Le développement du tramway du Mans a modifié le paysage urbain, notamment en centre-ville. Cela a permis de consolider des repères visuels en accentuant l’ouverture de l’espace public. La requalification des grands axes urbains a permis de redécouvrir les perspectives de la ville.

Aménagement des voies de tramway et requalification paysagère du centre-ville (Le Mans – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Aménagement des voies de tramway et requalification paysagère du centre-ville (Le Mans – 2015)



Dans certains quartiers, le paysage a été sensiblement modifié par l’ouverture de nouvelles voies de déplacements. L’image de modernité qui entoure le tramway participe à changer, parfois de manière radicale, la perception des paysages urbains qu’il traverse.

La pénétrante du tramway au travers des quartiers résidentiels de Jaurès-Pavillon et les Sablons (2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
La pénétrante du tramway au travers des quartiers résidentiels de Jaurès-Pavillon et les Sablons (2010)

La pénétrante du tramway au travers des quartiers résidentiels de Jaurès-Pavillon et les Sablons (2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
La pénétrante du tramway au travers des quartiers résidentiels de Jaurès-Pavillon et les Sablons (2010)



En termes de reconquête de paysage urbain, la requalification des bords de la Sarthe a également permis de redécouvrir l’espace public associé. Dans un souci d’amélioration du cadre de vie et d’embellissement du tissu urbanisé, la réappropriation des bords fluviaux a été engagée dans la ville du Mans, renouant ainsi avec ses origines. Le rapport de la ville à l’eau est en effet une des raisons initiales de l’implantation de la cité, au confluent de la Sarthe et de l’Huisne.

Les berges de la Sarthe font régulièrement l'objet de réaménagement visant à exploiter la vocation récréative de ses abords (promenade, jeux d'enfants…) (Le Mans - 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les berges de la Sarthe font régulièrement l’objet de réaménagement visant à exploiter la vocation récréative de ses abords (promenade, jeux d’enfants…) (Le Mans - 2015)

Reconquête des berges de la Sarthe par un jardin urbain et des circulations douces (Source : CAUE72 - Le Mans - 2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Reconquête des berges de la Sarthe par un jardin urbain et des circulations douces (Source : CAUE72 - Le Mans - 2010)

Le relâchement du maillage bocager et le maintien des masses boisées

Un maillage bocager de moins en moins important mais à contrario des masses boisées confortées (1958 et 2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un maillage bocager de moins en moins important mais à contrario des masses boisées confortées (1958 et 2010)

Un maillage bocager de moins en moins important mais à contrario des masses boisées confortées (1958 et 2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un maillage bocager de moins en moins important mais à contrario des masses boisées confortées (1958 et 2010)



Aux abords du tissu aggloméré continu du Mans et des communes environnantes, l’espace agricole demeure une richesse de la campagne sarthoise. Les modes de cultures ont intensifié le remembrement parcellaire de la trame agricole, notamment dans les parties les plus planes et les petits plateaux au-dessus des vallées de la Sarthe et de l’Huisne. Le bocage a vu son réseau se réduire fortement même s’il marque encore la structure paysagère des secteurs agricoles de l’agglomération.

Préservation d'une ceinture végétalisée d'intérêt paysager aux marges du tissu aggloméré (Le Mans – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Préservation d’une ceinture végétalisée d’intérêt paysager aux marges du tissu aggloméré (Le Mans – 2015)



Dans les quartiers résidentiels récents, la place du végétal est de plus en plus présente et permet de retrouver des accroches paysagères avec les continuités boisées des paysages agricoles et naturels.

Intégration d'éléments paysagers entre bois, parc et quartier d'habitat. (Le Mans – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Intégration d’éléments paysagers entre bois, parc et quartier d’habitat. (Le Mans – 2015)



Soumis à de fortes pressions, les boisements de l’unité se sont largement maintenus, voire se sont développés à l’image des bois de Rouillon ou du Marin à l’ouest de l’agglomération. L’urbanisation n’a toutefois pas épargné ces paysages avec parfois un mitage de l’espace boisé, particulièrement à destination d’activités économiques comme c’est le cas au sud-est du Mans, à proximité de la RD 323.

La requalification des sites de carrières et sablières en plans d’eau
Au sud-ouest de l’agglomération mancelle, plusieurs sites de carrières ont permis l’extraction de matériaux nécessaires à l’urbanisation progressive du territoire. En parallèle de l’apparition dans le paysage de nouvelles carrières et sablières, ou d’extension de celles-ci, certains sites ont connu un arrêt de leur activité et une requalification par l’aménagement de plans d’eau.
Ainsi, les bords de la Sarthe par exemple ont connu une évolution d’un site au paysage proche de l’ambiance industrielle, vers un espace semi-naturel (secteur d’Arnage).

Au sud-ouest du Mans, dans le secteur de Spay, des sites d'extraction de sables imposent leur importante machine dans le paysage (Spay – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Au sud-ouest du Mans, dans le secteur de Spay, des sites d’extraction de sables imposent leur importante machine dans le paysage (Spay – 2015)

Lorsque l'activité d'extraction prend fin, de vastes plans d'eau peuvent s'installer dans le paysage (Spay – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Lorsque l’activité d’extraction prend fin, de vastes plans d’eau peuvent s’installer dans le paysage (Spay – 2015)

La prospective

Les cinq unités paysagères urbaines (Nantes, Angers, Le Mans, Laval et La Roche sur Yon), ont connu des dynamiques particulièrement marquées sur la période récente. La gouvernance de ces territoires et leur planification est d’autant plus importante qu’ils font partie des secteurs les plus attractifs de la région.
Rendue possible par la taille limitée de ces unités, l’approche prospective de ces paysages, au regard des documents d’urbanisme permet de caractériser les dynamiques à venir et les enjeux associés.

Préserver la trame agricole pour assurer la complémentarité ville-campagne
Le rapport entre l’urbanisation mancelle et ses espaces agricoles et naturels caractérise les paysages de l’agglomération. Dans le Schéma de Cohérence Territorial du Pays du Mans approuvé en 2014, la « complémentarité ville-campagne » est inscrite comme principe fédérateur qui doit prévaloir à tout aménagement de l’espace. A noter que le territoire du Pays du Mans ne concerne pas que l’unité paysagère de l’agglomération mancelle mais également des communes des unités paysagères limitrophes.
Les orientations formulées par ce document de planification laissent présager des dynamiques de diffusion urbaine différentes de ce que l’on a pu observer ces dernières décennies, avec la recherche d’une sobriété foncière renforcée. En effet, le SCoT affiche son ambition de maîtriser la consommation de terres agricoles et inscrit des limites au développement urbain. En matière d’artificialisation des sols, le SCoT inscrit un potentiel de développement urbain toutes vocations confondues (habitat, activités, équipements), de 1042 hectares sur la période 2013/2030, dont près de la moitié sur Le Mans-Métropole environ 200 hectares pour la ville du Mans. Ce potentiel, qui constitue un maximum, met en avant une dynamique urbaine qui malgré la recherche d’optimisation foncière, va continuer à faire évoluer les paysages agricoles. Cela se traduira notamment par une urbanisation plus compacte et cohérente, en rupture avec les développements en « étoile » et donc un traitement des franges urbaines permettant une meilleure harmonie.
Sur l’aspect plus particulier du développement économique, le SCoT prévoit une évolution des zones d’activités le long des grands axes de communication et notamment en continuité des secteurs existants. A ce titre, l’entrée est de l’unité paysagère et le sud-ouest du Mans sont particulièrement concernés.

Carte du développement économique du Schéma de Cohérence Territoriale du Mans approuvé en 2014 (Source : TG/JR, SM. SCoT du Mans, 2013) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte du développement économique du Schéma de Cohérence Territoriale du Mans approuvé en 2014 (Source : TG/JR, SM. SCoT du Mans, 2013)



La préservation et le renforcement de continuités écologiques entre les franges de l’agglomération mancelle et l’est du territoire et notamment la vallée du Narais, est également un objectif du SCoT. Cela va se traduire par un maintien de paysages agricoles et naturels avec la possibilité d’une fermeture progressive de ces corridors par le développement des boisements associés aux filières d’exploitation, mais aussi au « tourisme vert ».

Carte de la Trame Verte et Bleue du Schéma de Cohérence Territoriale du Mans approuvé en 2014 (Source : TG/JR, SM. SCoT du Mans, 2013) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de la Trame Verte et Bleue du Schéma de Cohérence Territoriale du Mans approuvé en 2014 (Source : TG/JR, SM. SCoT du Mans, 2013)



Sur la frange Nord-ouest et surtout sur la frange sud de l’unité paysagère, le SCoT favorise l’implantation du grand éolien, en accord avec le schéma régional éolien. Les secteurs concernés pourraient donc voir apparaître de nouveaux repères visuels faisant évoluer la perception des paysages.

Sources bibliographiques

  • CERESA. Atlas des paysages de la Sarthe. Conseil Général de la Sarthe, DDE de la Sarthe, DIREN Pays de la Loire, 2005.
  • G. PILLEMEN. Saccage De La France. Ed. Broché, 1943.
  • A. LEVY, U.F.E. Le Mans, métamorphose d’une ville. Ed. Bordessoules, Saint-Jean-d’Angély, 1987.