Les caractères du plateau calaisien
Un plateau calcaire entaillé de vallées encaissées
Un plateau calcaire
Le plateau calcaire calaisien s’inscrit sur l’entité géologique du bassin parisien et est intégralement couvert de formations crétacées, sables agglomérés en grès (dits « roussards » quand ils sont ferrugineux), de marnes micacées épaisses et de tuffeau sur les coteaux de la vallée du Loir et de ses affluents.
Un plateau entaillé de profondes vallées
Ce vaste plateau d’une altitude moyenne de 150m au nord et 130m au sud, limité au sud par la vallée du Loir et à l’est par celle de la Braye, est entaillé de nombreux affluents aux vallées orientées nord-sud :
- La Veuve, le ruisseau de Dauvers, le Dinan, l’Yre qui débouchent dans la vallée du Loir
- Le Tusson, le ruisseau de Bonneuil, et l’Anille qui débouchent quant à elles dans la vallée de la Braye
Ces vallées creusent le plateau sur 50 à 70m de profondeur en moyenne, sur une largeur en fond de vallée de l’ordre de 150 à 200 m en moyenne, sauf pour la vallée de la Veuve plus large (de l’ordre de 550 – 600m). Elles génèrent ainsi de profondes entailles. Par ailleurs, elles sont elles-mêmes nourries de nombreux affluents est-ouest qui s’ils sont moins larges et moins profonds, contribuent fortement au moutonnement du plateau.
Un jeu de contraste
Ce plateau est ainsi rarement réellement plat et horizontal mais plus généralement ondulé et bosselé. Les vallées se devinent aussi grâce à la ligne végétale qui les dessine, et qui induit un contraste par rapport à la végétation du plateau (contraste de textures et de couleurs).
Un plateau agricole ouvert, ponctué d’un habitat rural dispersé
Un paysage ouvert de grandes cultures
Les sols sur ces limons décalcifiés sont mouillants, battants et pierreux (affleurements rocheux caractéristiques de l’unité paysagère) mais depuis la révolution agricole, les amendements ont fait de ces terroirs défavorables de bonnes terres à céréales. Le paysage s’est donc ouvert répondant aux exigences de ces grandes cultures.
Peu de haies persistent aujourd’hui sur ce plateau. Témoignant de ce passé bocager, l’habitat rural est dispersé, avec de nombreuses fermes et de relativement rares petits bourgs. Ces implantations caractérisent l’unité du plateau calaisien, que ce soit dans les vallées ou sur le plateau.
Le bâti rural dispersé
Hérité de la géologie et sous influence de la vallée du Loir, les matériaux de construction sont principalement le calcaire (tuffeau pour les maisons nobles, les encadrements des ouvertures…) et l’ardoise en toiture dans la partie sud, la brique et la tuile au nord. La palette évolue ainsi du sud vers le nord, avec l’intégration de la brique et du pisé dans le nord de l’unité et en frange est.
L’habitat rural traditionnel s’organise autour d’une cour très ouverte. Les pentes des toits sont importantes 45°-50° voire même parfois 60° afin de diminuer le poids de la couverture sur les murs. […] Bois, pierre et torchis ont été les matériaux utilisés à l’origine pour édifier ces fermes. Le remplissage des colombages était assuré par des matériaux divers (moellons calcaire, brique …) ou par un torchis de paille et de terre recouvert d’un enduit épais. La brique a progressivement remplacé ces matériaux anciens, assurant la structure des bâtiments : mur pignon sur lequel s’appuie la cheminée, chaînage d’angle, encadrement de des ouvertures, corniches. Elle permet en plus une ornementation, jeux de couleurs, de formes, de reliefs, parfois assurés aussi par le tuffeau, que les artisans locaux ont su pleinement et habilement exploiter. Plus généralement la terre cuite joue un rôle essentiel dans cet habitat, puisque le trottoir de l’habitation en est pavé, puisque les toitures (primitivement en bardeaux de chêne ou châtaignier) sont de tuiles. Les tons des enduits, sont intimement liés au recours aux sables du Loir ou de la Sarthe. (Source : CAUE de la Sarthe. Architectures rurales en Sarthe, Plateau calaisien. 1991)
Trois bourgs de plateau : Sainte Cérotte et Écorpain et Jupilles
Le plateau compte peu de bourgs : deux sont implantés au nord de l’unité, à l’ouest de Saint-Calais (Écorpain et Sainte-Cérotte) ; le troisième, implanté sur un secteur fortement découpé par les vallées nombreuses, formant un éperon entre deux vallées ; Jupilles se détache de la frange boisée de la forêt de Bercé.
Des vallées habitées et végétalisées
Des vallées au couvert végétal diversifié
Les vallées proposent un couvert végétal diversifié : petits bois sur les pentes des coteaux et les fonds de vallons, quelques peupleraies dans les prairies humides, une ripisylve qui souligne la sinuosité des rivières et ruisseaux, quelques lignes bocagères enfin qui dessinent les pentes douces et ondulantes des coteaux. Ce bocage demeure encore très présent et la maille de haies définit des parcelles, de taille raisonnable, perpétuant un paysage soigné et entretenu, vecteur de richesse biologique et paysagère.
Cette palette végétale contraste avec l’ouverture du plateau et accentue le caractère fermé du paysage et l’échelle intime des vallées liées aussi à leur encaissement. Elle participe aussi par les jeux d’alternance, les relais visuels qu’elle instaure, le cadre paysager qu’elle dessine à la création d’ambiances paysagères harmonieuses et qualitatives.
Des vallées habitées.
Le bâti rural répond aux mêmes caractéristiques architecturales que sur le plateau, mais il est généralement implanté à mi-pente favorisant ainsi une bonne intégration de ses volumes dans la vallée et une bonne exposition. Dans certaines vallées (au sud sous influence du Loir, vallons adjacents à la Veuve, coteaux de la Veuve par exemple), les affleurements calcaires ont favorisé le troglodytisme, développant un registre de caves et de dépendances plus que d’habitations. Les vallées sont particulièrement investies par les bourgs qui s’implantent majoritairement à mi-pente sur le coteau mais aussi au pied du coteau (Bessé-sur-Braye ou Lavenay sur le Tusson) ou au cœur de la vallée, tissant avec la rivière une relation très intime comme Saint-Calais sur l’Anille.
En frange sud, l’influence de la vallée du Loir a laissé en héritage quelques beaux éléments de patrimoine bâti comme par exemple au niveau de la vallée de la Veuve le Château de Bénéhard et son parc, ou le château de Coutanvaux et son parc à Bessé-sur-Braye mais aussi dans les bourgs ruraux (habitat rural et bourgs).
Un paysage d’alternances
Au fil des routes, l’appréhension du paysage se fait au rythme de ces changements d’échelle et de degré d’ouverture : des fonds de vallées fermés, densément végétalisés aux vues courtes, aux plateaux ouverts proposant des vues longues et dégagées et instaurant des jeux de covisibilités qui induisent un dynamisme visuel intéressant. Le plateau calaisien se définit ainsi par un paysage d’alternances. Cet équilibre est intimement lié aux pratiques culturales.
Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel
Patrimoine culturel :
- Consulter l’article Les paysages institutionnalisés
- Consulter la rubrique "Sites et paysages" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Consulter l’Atlas des Patrimoines du Ministère de la Culture
- Consulter les Bases Architecture et Patrimoine du Ministère de la Culture
Patrimoine naturel :
- Consulter la rubrique "Patrimoine naturel" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Trame verte et bleue : consulter le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) des Pays de la Loire
Sources bibliographiques
- CAUE de la Sarthe. Architectures rurales en Sarthe, Plateau calaisien. 1991.
- CERESA. Atlas des paysages de la Sarthe. Conseil Général de la Sarthe, DDE de la Sarthe, DIREN Pays de la Loire, 2005.
- Pays de la vallée du Loir. Charte architecturale et paysagère. 2012.