Les caractères du bocage rétro-littoral

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 28 décembre 2016)

Un plateau cristallin marqué par deux directions fortes dans le paysage

Carte géologique de l'unité paysagère (Source : BRGM) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte géologique de l’unité paysagère (Source : BRGM)



L’unité paysagère du plateau bocager méridional s’appuie sur un socle géologique très ancien, marqué notamment sur sa partie nord-ouest par la direction cadomienne (est-ouest). Sur la partie sud est, c’est la direction armoricaine (nord-ouest / sud-est) qui se réaffirme avec notamment le coteau de Grandlieu. Par ailleurs, sur la partie centrale (secteur de Machecoul à Leger), l’unité présente des plaquages de limons de plateau importants. Cela se traduit dans le paysage par une relative planéité.

Un paysage structuré en plans successifs dessinés par les vallées orientées est / ouest (Saint-Viaud) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un paysage structuré en plans successifs dessinés par les vallées orientées est / ouest (Saint-Viaud)

Un relief orienté par les petites vallées fluviales

Carte du relief et de l'hydrographie du bocage rétro-littoral en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte du relief et de l’hydrographie du bocage rétro-littoral



Ce socle géologique complexe se traduit directement dans les lignes du relief : à l’ouest, on retrouve des ondulations orientées Est-Ouest entre lesquelles s’intercalent les vallées (souvent dirigées par les failles). Dans ces vallées fluviales, l’embouchure s’élargit et laisse place à des zones marécageuses qui créent de grands couloirs visuels débouchant sur la côte ou sur les grands marais rétrolittoraux. Ces petits fleuves côtiers ou rivières rétro-littorales incisent le plateau cristallin animant le relief (modelé en creux) et orientant la structuration du paysage.

Des fleuves et rivières structurants mais discrets
Cette diversité du relief induit une certaine complexité du réseau hydrographique. S’il est véritablement structurant, ce dernier n’est pas toujours directement visible, masqué au creux de vallons, à l’abri d’une ripisylve dense d’aulnes et saules. On retrouve ainsi des vallées qui se structurent à la fois en arborescente dans les secteurs les plus plats et en arêtes de poisson sur les secteurs à relief orienté. Dans ce contexte hydrographique, le Tenu joue un rôle particulier : il assure la liaison entre les marais bretons, qu’il alimente en eau douce, et la Loire (via l’Acheneau) constituant ainsi une voie d’eau d’intérêt local.

Port sur berge de la vallée du Tenu masqué par sa ripisylve dense de frênes et saules (Sainte-Pazanne) en grand format (nouvelle fenêtre)
Port sur berge de la vallée du Tenu masqué par sa ripisylve dense de frênes et saules (Sainte-Pazanne)



A cette richesse hydraulique s’ajoute une réelle diversité de marais de fond de vallons, de lacs de barrage effilés ou de prairies inondables. Si ces dernières sont d’échelle nettement inférieure aux grands marais retro-littoraux, elles n’en sont pas moins intéressantes de par leur interconnexion et les micropaysages à la fois maritimes et continentaux qu’elles proposent.

Un lac effilé dans la vallée de la Vie à Maché, une réserve d'eau support d'aménités (source : CAUE de Vendée) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un lac effilé dans la vallée de la Vie à Maché, une réserve d’eau support d’aménités (source : CAUE de Vendée)

Des marais qui s'étendent dans les vallées à l'estuaire des petits fleuves côtiers (Saint-Père-en-Retz) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des marais qui s’étendent dans les vallées à l’estuaire des petits fleuves côtiers (Saint-Père-en-Retz)

Paysage horizontal ouvert des prairies de pâture dans les marais de la vallée du canal de la Haute-Perche (Arthon-en-Retz) en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage horizontal ouvert des prairies de pâture dans les marais de la vallée du canal de la Haute-Perche (Arthon-en-Retz)

Un paysage rural bocager encore très structuré et entretenu

Profondément rurale, cette unité paysagère est structurée par une trame bocagère encore très présente, modelée par une agriculture en grande partie orientée vers la polyculture-élevage : au sud, le territoire est l’un des plus productifs dans le secteur laitier, l’élevage de volaille et de viande bovine ce qui explique encore la présence de nombreuses prairies. Mais, depuis une décennie, on assiste aussi à une forte poussée du maraîchage, conséquence de la pression exercée par les grands centres urbains sur les zones agricoles périphériques. On retrouve ponctuellement, des parcelles viticoles sur les coteaux.

Un paysage bocager à la densité de haies remarquable encadrant des pâtures alternant sur le plateau avec des cultures (Chauvé) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un paysage bocager à la densité de haies remarquable encadrant des pâtures alternant sur le plateau avec des cultures (Chauvé)

Un paysage bocager sous influence océanique

Si la maille de cette trame est aujourd’hui relativement lâche sur les hauts de plateaux les plus plans, les haies constituées de leurs trois étages de végétation (herbacé, arbustif et arboré) sont encore nombreuses et les chênes de haut jet marquent fortement le paysage. L’influence océanique induit par ailleurs une véritable variation dans la palette végétale du bocage où se distinguent : les pins (maritimes ou parasols), les chênes verts (et plus ponctuellement les chênes liège), les chênes tauzin.

Un bocage original marqué par des essences boisées aux accents méridionaux (chêne vert, tauzin, liège, pins parasols et maritimes) (Martinet) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un bocage original marqué par des essences boisées aux accents méridionaux (chêne vert, tauzin, liège, pins parasols et maritimes) (Martinet)



La faiblesse des sols et l’influence climatique du littoral (moins de pluviosité, plus d’ensoleillement, présence d’embruns) se traduisent également par une architecture plus « ramassée » des arbres des haies. On perçoit ainsi dans le bocage rétro-littoral une ambiance particulière mêlant à la fois les caractères bocagers des plateaux de l’est, les influences méridionales avec ses teintes contrastées dans la végétation et un parfum de littoral. Ce maillage de haies organise les nombreuses prairies de pâture, ponctuées de bâtiments d’élevage à l’appui des hameaux. Sur le plateau les cultures (céréales, maïs…) avec leur parcellaire plus large contribuent à ouvrir le paysage et dégager de longues perspectives.

Des haies à la silhouette ramassée dont la maille s'ouvre sur les plateaux cultivés (Brétignolles-sur-Mer) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des haies à la silhouette ramassée dont la maille s’ouvre sur les plateaux cultivés (Brétignolles-sur-Mer)

Des enclaves viticoles qui ouvrent ponctuellement le bocage

Quelques pins et notamment des pins parasols ponctuent ce bocage, en lui donnant un caractère particulier rappelant notamment la présence viticole plus ancienne. Si la vigne était très présente sur toute la frange sud de l’unité elle est aujourd’hui beaucoup moins représentée et se retrouve à l’appui des principales appellations : côtes de Grand-Lieu (au nord-est à l’appui du Tenu) et Fiefs-Vendéens au sud-ouest (sur les coteaux dominant les marais d’Olonne).

Parcelles viticoles rythmées par le ceps courts caractéristiques des Fiefs Vendéens (Vairé) en grand format (nouvelle fenêtre)
Parcelles viticoles rythmées par le ceps courts caractéristiques des Fiefs Vendéens (Vairé)

Une mosaïque maraîchère en expansion dans le bocage

Développé récemment, le paysage de maraîchage se distingue non seulement par ses cultures laniérées aux couleurs vives mais aussi par les étendues de tunnels plastiques ou de serres, les réserves d’arrosage qui tranchent fortement dans le contexte paysager bocager. On y retrouve à la fois les rangs serrés multicolores des cultures légumières mais aussi les châssis et les bandes de cultures florales ou de planches de pépinières. Ce paysage mosaïque est particulièrement présent à l’interface avec les marais rétro-littoraux et dans le secteur de Machecoul.

Paysage structuré des planches de culture en pots et bassins d'arrosage dans le bocage (Saint-Avaugourd-des-Landes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage structuré des planches de culture en pots et bassins d’arrosage dans le bocage (Saint-Avaugourd-des-Landes)

Un bâti rural traditionnel qui croise les identités bocaines et littorales

Des bourgs qui mêlent les volumes bâtis modestes et blanc du littoral aux maisons en granit ou enduites à étage du bocage (La Boissière-des-Landes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des bourgs qui mêlent les volumes bâtis modestes et blanc du littoral aux maisons en granit ou enduites à étage du bocage (La Boissière-des-Landes)



Les matériaux de construction employés sur l’unité sont le grès, le schiste et plus ponctuellement au sud le calcaire, mais aussi le granit à l’ouest de l’unité. La brique et la pierre de taille sont souvent utilisées pour les encadrements de fenêtre. Le matériau de couverture utilisé est la tuile canal, matériau identitaire du Sud Loire. Les habitations sont généralement assez basses avec des toitures peu pentues. L’architecture reprend les caractéristiques de l’habitat littoral vendéen ou de l’habitat rural.

Un bocage rétro-littoral ponctué du bâti rural en granit ou schiste typique du bocage ou des maisons blanches du littoral (Saint-Père-en-Retz) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un bocage rétro-littoral ponctué du bâti rural en granit ou schiste typique du bocage ou des maisons blanches du littoral (Saint-Père-en-Retz)

Pour en savoir plus sur les identités architecturales du bâti rural du bocage rétro-littoral

Des bourgs organisés en étoile sur le plateau et un habitat rural diffus sur le reste du territoire
Dans l’ensemble, les centres bourgs traditionnels de l’unité sont en forme d’étoile, articulés autour de voies structurantes qui assurent la liaison entre le bocage et le littoral. Ils présentent une organisation urbaine dense. Le territoire présente traditionnellement un habitat rural isolé et diffus correspondant aux sièges d’exploitations agricoles dans le bocage. La frange ouest de l’unité est marquée par la diffusion urbaine rétro littorale.

Une structure de bourg étoilé marquée par un développement de couronnes pavillonnaires (Commequiers) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une structure de bourg étoilé marquée par un développement de couronnes pavillonnaires (Commequiers)



Des structures linéaires des bourgs de vallées qui évoluent…
A l’ouest de l’unité, qui présente un relief ondulé, on retrouve essentiellement des bourgs perchés sur les crêtes ou des bourgs étagés sur les coteaux. Ces implantations occasionnent de nombreux jeux de covisibilité entre les bourgs et la vallée mais aussi entre les bourgs eux même. Les franges pavillonnaires sont souvent exposées et marquent de ce fait fortement le paysage. Les châteaux et parcs en belvédères qui sont implantés sur les coteaux, profitent de points de vue remarquables sur le bocage de l’unité.

Des bourgs en repère dans le bocage en grand format (nouvelle fenêtre)
Des bourgs en repère dans le bocage



Implantés sur les principaux axes viaires d’accès à la côte les bourgs de Machecoul, Challans et la Mothe-Achard concentrent aujourd’hui les développements à la fois urbains et économiques. Ils se démarquent par leurs franges distendues.

Un paysage traversé…

L’armature viaire primaire est clairement orientée est ouest privilégiant l’accès au littoral. L’unité semble ainsi être plus un territoire de passage que de destination. Les routes à quatre voies contribuent fortement à la banalisation du paysage en imposant leur cortège d’aménagements (merlons, échangeurs, contournements) et favorisent la multiplication des zones d’activités ou de production maraîchère. Le réseau de voirie de desserte locale est très dense parfois même labyrinthique (impression amplifiée par la succession des chambres bocagères). Le territoire est sillonné par plusieurs voies ferrées qui ne sont plus exploitées, les dernières ayant été fermées au milieu du XXème siècle.

Des axes de contournement et des voies rapides vers le littoral qui évitent les bourgs et traversent le paysage avec leurs propres aménagements (Moutiers-les-Mauxfaits) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des axes de contournement et des voies rapides vers le littoral qui évitent les bourgs et traversent le paysage avec leurs propres aménagements (Moutiers-les-Mauxfaits)



De nouveaux repères marquants

Des lignes d'éoliennes qui ponctuent par leur monumentalité le bocage rétro-littoral en grand format (nouvelle fenêtre)
Des lignes d’éoliennes qui ponctuent par leur monumentalité le bocage rétro-littoral



L’unité est ponctuée d’éléments anthropiques de grande dimension (carrières, serres) et des parcs éoliens apparaissent depuis peu à l’horizon. Tous ces éléments émergent du bocage et marquent fortement le paysage.

Des carrières qui se distinguent plus par leur stock de matériaux et les infrastructures que par leur gisement d'exploitation (Chauvé) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des carrières qui se distinguent plus par leur stock de matériaux et les infrastructures que par leur gisement d’exploitation (Chauvé)

Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel

Patrimoine culturel :

Patrimoine naturel :