Les caractères du bocage rétro-littoral
Un plateau cristallin marqué par deux directions fortes dans le paysage
L’unité paysagère du plateau bocager méridional s’appuie sur un socle géologique très ancien, marqué notamment sur sa partie nord-ouest par la direction cadomienne (est-ouest). Sur la partie sud est, c’est la direction armoricaine (nord-ouest / sud-est) qui se réaffirme avec notamment le coteau de Grandlieu. Par ailleurs, sur la partie centrale (secteur de Machecoul à Leger), l’unité présente des plaquages de limons de plateau importants. Cela se traduit dans le paysage par une relative planéité.
Un relief orienté par les petites vallées fluviales
Ce socle géologique complexe se traduit directement dans les lignes du relief : à l’ouest, on retrouve des ondulations orientées Est-Ouest entre lesquelles s’intercalent les vallées (souvent dirigées par les failles). Dans ces vallées fluviales, l’embouchure s’élargit et laisse place à des zones marécageuses qui créent de grands couloirs visuels débouchant sur la côte ou sur les grands marais rétrolittoraux. Ces petits fleuves côtiers ou rivières rétro-littorales incisent le plateau cristallin animant le relief (modelé en creux) et orientant la structuration du paysage.
Des fleuves et rivières structurants mais discrets
Cette diversité du relief induit une certaine complexité du réseau hydrographique. S’il est véritablement structurant, ce dernier n’est pas toujours directement visible, masqué au creux de vallons, à l’abri d’une ripisylve dense d’aulnes et saules. On retrouve ainsi des vallées qui se structurent à la fois en arborescente dans les secteurs les plus plats et en arêtes de poisson sur les secteurs à relief orienté. Dans ce contexte hydrographique, le Tenu joue un rôle particulier : il assure la liaison entre les marais bretons, qu’il alimente en eau douce, et la Loire (via l’Acheneau) constituant ainsi une voie d’eau d’intérêt local.
A cette richesse hydraulique s’ajoute une réelle diversité de marais de fond de vallons, de lacs de barrage effilés ou de prairies inondables. Si ces dernières sont d’échelle nettement inférieure aux grands marais retro-littoraux, elles n’en sont pas moins intéressantes de par leur interconnexion et les micropaysages à la fois maritimes et continentaux qu’elles proposent.
Un paysage rural bocager encore très structuré et entretenu
Profondément rurale, cette unité paysagère est structurée par une trame bocagère encore très présente, modelée par une agriculture en grande partie orientée vers la polyculture-élevage : au sud, le territoire est l’un des plus productifs dans le secteur laitier, l’élevage de volaille et de viande bovine ce qui explique encore la présence de nombreuses prairies. Mais, depuis une décennie, on assiste aussi à une forte poussée du maraîchage, conséquence de la pression exercée par les grands centres urbains sur les zones agricoles périphériques. On retrouve ponctuellement, des parcelles viticoles sur les coteaux.
Un paysage bocager sous influence océanique
Si la maille de cette trame est aujourd’hui relativement lâche sur les hauts de plateaux les plus plans, les haies constituées de leurs trois étages de végétation (herbacé, arbustif et arboré) sont encore nombreuses et les chênes de haut jet marquent fortement le paysage. L’influence océanique induit par ailleurs une véritable variation dans la palette végétale du bocage où se distinguent : les pins (maritimes ou parasols), les chênes verts (et plus ponctuellement les chênes liège), les chênes tauzin.
La faiblesse des sols et l’influence climatique du littoral (moins de pluviosité, plus d’ensoleillement, présence d’embruns) se traduisent également par une architecture plus « ramassée » des arbres des haies. On perçoit ainsi dans le bocage rétro-littoral une ambiance particulière mêlant à la fois les caractères bocagers des plateaux de l’est, les influences méridionales avec ses teintes contrastées dans la végétation et un parfum de littoral. Ce maillage de haies organise les nombreuses prairies de pâture, ponctuées de bâtiments d’élevage à l’appui des hameaux. Sur le plateau les cultures (céréales, maïs…) avec leur parcellaire plus large contribuent à ouvrir le paysage et dégager de longues perspectives.
Des enclaves viticoles qui ouvrent ponctuellement le bocage
Quelques pins et notamment des pins parasols ponctuent ce bocage, en lui donnant un caractère particulier rappelant notamment la présence viticole plus ancienne. Si la vigne était très présente sur toute la frange sud de l’unité elle est aujourd’hui beaucoup moins représentée et se retrouve à l’appui des principales appellations : côtes de Grand-Lieu (au nord-est à l’appui du Tenu) et Fiefs-Vendéens au sud-ouest (sur les coteaux dominant les marais d’Olonne).
Une mosaïque maraîchère en expansion dans le bocage
Développé récemment, le paysage de maraîchage se distingue non seulement par ses cultures laniérées aux couleurs vives mais aussi par les étendues de tunnels plastiques ou de serres, les réserves d’arrosage qui tranchent fortement dans le contexte paysager bocager. On y retrouve à la fois les rangs serrés multicolores des cultures légumières mais aussi les châssis et les bandes de cultures florales ou de planches de pépinières. Ce paysage mosaïque est particulièrement présent à l’interface avec les marais rétro-littoraux et dans le secteur de Machecoul.
Un bâti rural traditionnel qui croise les identités bocaines et littorales
Les matériaux de construction employés sur l’unité sont le grès, le schiste et plus ponctuellement au sud le calcaire, mais aussi le granit à l’ouest de l’unité. La brique et la pierre de taille sont souvent utilisées pour les encadrements de fenêtre. Le matériau de couverture utilisé est la tuile canal, matériau identitaire du Sud Loire. Les habitations sont généralement assez basses avec des toitures peu pentues. L’architecture reprend les caractéristiques de l’habitat littoral vendéen ou de l’habitat rural.
Pour en savoir plus sur les identités architecturales du bâti rural du bocage rétro-littoral
Des bourgs organisés en étoile sur le plateau et un habitat rural diffus sur le reste du territoire
Dans l’ensemble, les centres bourgs traditionnels de l’unité sont en forme d’étoile, articulés autour de voies structurantes qui assurent la liaison entre le bocage et le littoral. Ils présentent une organisation urbaine dense. Le territoire présente traditionnellement un habitat rural isolé et diffus correspondant aux sièges d’exploitations agricoles dans le bocage. La frange ouest de l’unité est marquée par la diffusion urbaine rétro littorale.
Des structures linéaires des bourgs de vallées qui évoluent…
A l’ouest de l’unité, qui présente un relief ondulé, on retrouve essentiellement des bourgs perchés sur les crêtes ou des bourgs étagés sur les coteaux. Ces implantations occasionnent de nombreux jeux de covisibilité entre les bourgs et la vallée mais aussi entre les bourgs eux même. Les franges pavillonnaires sont souvent exposées et marquent de ce fait fortement le paysage. Les châteaux et parcs en belvédères qui sont implantés sur les coteaux, profitent de points de vue remarquables sur le bocage de l’unité.
Implantés sur les principaux axes viaires d’accès à la côte les bourgs de Machecoul, Challans et la Mothe-Achard concentrent aujourd’hui les développements à la fois urbains et économiques. Ils se démarquent par leurs franges distendues.
Un paysage traversé…
L’armature viaire primaire est clairement orientée est ouest privilégiant l’accès au littoral. L’unité semble ainsi être plus un territoire de passage que de destination. Les routes à quatre voies contribuent fortement à la banalisation du paysage en imposant leur cortège d’aménagements (merlons, échangeurs, contournements) et favorisent la multiplication des zones d’activités ou de production maraîchère. Le réseau de voirie de desserte locale est très dense parfois même labyrinthique (impression amplifiée par la succession des chambres bocagères). Le territoire est sillonné par plusieurs voies ferrées qui ne sont plus exploitées, les dernières ayant été fermées au milieu du XXème siècle.
De nouveaux repères marquants
L’unité est ponctuée d’éléments anthropiques de grande dimension (carrières, serres) et des parcs éoliens apparaissent depuis peu à l’horizon. Tous ces éléments émergent du bocage et marquent fortement le paysage.
Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel
Patrimoine culturel :
- Consulter l’article Les paysages institutionnalisés
- Consulter la rubrique "Sites et paysages" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Consulter l’Atlas des Patrimoines du Ministère de la Culture
- Consulter les Bases Architecture et Patrimoine du Ministère de la Culture
Patrimoine naturel :