Les caractères du bocage du Sillon de Bretagne

publié le 24 avril 2014 (modifié le 27 décembre 2016)

Un axe géologique fondateur : le sillon de Bretagne

L’ensemble du territoire de l’unité s’inscrit dans un ensemble géologique beaucoup plus vaste qui formait à l’époque hercynienne (-400 à -250 millions d’années) la chaîne montagneuse armoricaine (vaste zone de plissements orientés nord-ouest /sud-est de la pointe de la Bretagne au sud de la Vendée en passant par Nantes). La pénéplanation mit à nu ces plis qui ont rejoué bien plus tard (-150 à -100 millions d’années) à l’époque de la formation de l’Atlantique et des Alpes qui ont provoqué des cassures et des failles dans le vieux socle en faisant basculer des morceaux suivant les directions des anciens plis (direction varisque).

Carte géologique de l'unité paysagère du bocage du sillon de Bretagne en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte géologique de l’unité paysagère du bocage du sillon de Bretagne



Les érosions du quaternaire ont ensuite déterminé les principaux reliefs d’aujourd’hui. Ainsi, la double faille du sillon de Bretagne se lit aujourd’hui depuis la Loire comme un coteau net et linéaire dans la direction nord-ouest /sud-est. L’autre versant du sillon se traduit lui par un plateau faiblement incliné vers la faille nord du sillon qui a infléchi et dessiné le cours de l’Isac et plus tard du canal de Nantes à Brest. L’unité présente un paysage de plateau cristallin entaillé au sud par la faille du Sillon de Bretagne.

Coteau matérialisant dans le paysage les failles géologiques du Sillon de Bretagne (Saint-Étienne-de-Montluc) en grand format (nouvelle fenêtre)
Coteau matérialisant dans le paysage les failles géologiques du Sillon de Bretagne (Saint-Étienne-de-Montluc)

Un relief peu mouvementé avec des vallées plus encaissées, qui animent les vues au sud

Carte du relief de l'unité paysagère en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte du relief de l’unité paysagère

Vallon du Choiseau à Vigneux-de-Bretagne en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallon du Choiseau à Vigneux-de-Bretagne

L’unité se caractérise par un vaste plateau faiblement incliné vers le val d’Isac au nord-est, où les cours d’eau ont creusé des vallées plus ou moins encaissées (phénomène de modelé en creux). Cela se traduit dans le paysage par des effets de surprise lié à des jeux de pentes plus accentués à l’approche des vallées qui referment ponctuellement le paysage sur des espaces plus intimistes.
Deux espaces en forme de vaste cuvette (ou bassin très évasé) se dégagent au niveau des marais du Haut Brivet et de la vallée de l’Isac. Les ruisseaux de Gesvres et du Cens creusent quant à eux une vallée plus encaissée (par rapport aux autres vallées de l’unité) et dans une direction est/ouest qui dénote.

Un réseau bocager encore bien préservé par endroits

Ambiance du paysage de bocage en grand format (nouvelle fenêtre)
Ambiance du paysage de bocage

Silhouette singulière des haies avec des chênes conduits en têtards en grand format (nouvelle fenêtre)
Silhouette singulière des haies avec des chênes conduits en têtards

La dynamique de perception de cette unité paysagère vient de la présence d’un bocage encore dense par endroits (Il a notamment été protégé par le projet d’aéroport qui a limité la spéculation foncière et la diffusion urbaine depuis deux décennies sur ce secteur).



On lit encore facilement la structuration des haies sur talus longeant des fossés qui drainent l’eau sur les versants des vallons. Principalement composé de chênes mais aussi dans les zones les plus humides de frênes, d’aulnes et saules, ce bocage se distingue par une gestion encore très pratiquée des arbres en têtards. Dans les zones les plus denses, on retrouve le paysage typique de petites prairies bocagères où les vaches paissent en troupeau s’abritant sous les haies par temps chaud ou de pluie. Sur les zones les plus planes, la trame bocagère est beaucoup moins dense et s’ouvre sur de larges cultures. L’unité se caractérise par un bocage semi-ouvert cadré par d’importants verrous boisés.

Diversité des trames boisées et bocagères en grand format (nouvelle fenêtre)
Diversité des trames boisées et bocagères

Un paysage marqué par les infrastructures et la diffusion urbaine

L’empreinte de l’activité métallurgique
L’activité métallurgique à Blain débute dès la préhistoire. À l’Antiquité, le secteur métallurgique se développe. Le territoire est traversé de nombreuses voies romaines attestant l’importance de l’agglomération de Blain. L’unité subit des influences franques et bretonnes.

Au Moyen Age, avec la mise en place des Marches de Bretagne, on assiste à la création d’une ceinture de places fortes qui gardent les frontières entre la France et la Bretagne, à laquelle participe le château de Blain.
Dès le XIV-XVIIème siècle, le territoire est déjà fortement marqué par des voies commerciales importantes.

L’impact du canal de Nantes à Brest

Canal de Nantes à Brest à Guenrouët en grand format (nouvelle fenêtre)
Canal de Nantes à Brest à Guenrouët

La première infrastructure majeure qui marqua l’unité est certainement le canal de Nantes à Brest. L’idée d’un grand canal reliant la Loire à toute la Bretagne intérieure naît en 1746 de l’idée du comte de Kersauson qui écrira dans son Mémoire sur la canalisation de la Province :

"L’ouverture de ce canal réveillera l’industrie de toute la partie haute de la Bretagne… Cette nouvelle voie ouverte permettra de rendre à l’agriculture une multitude de bras, dont elle est privée par le nombre si considérable d’hommes nécessaires à la conduite des chariots et voitures de roulage.(…) A chaque commencement de guerre, la France pourra promptement augmenter le nombre de ses vaisseaux, et les armer tous d’une façon avantageuse."

Cet axe est aujourd’hui un vecteur important de tourisme et de loisirs sur le territoire.

L’impact des deux axes de desserte principaux : Nantes/Rennes (RN 137) et Nantes/Vannes (RN 165)

Axe Nantes-Rennes, un couloir de circulation majeur en grand format (nouvelle fenêtre)
Axe Nantes-Rennes, un couloir de circulation majeur



Les deux principaux axes routiers à 4 Voies (Nantes/Vannes et Nantes/Rennes) induisent des pressions très lisibles sur le paysage :

  • Une ouverture du paysage liée à des remembrements datant souvent de l’époque de création des voies
  • Un développement urbain induit sur des bourgs voisins
  • Un déploiement des vitrines d’activités (souvent peu qualifiées) le long de l’axe et aux principaux échangeurs, donnant un effet de boites successives
  • les cordons boisés qui se développent sur les délaissés le long de l’axe routier qui composent progressivement un « tunnel vert »

La densité du réseau d’infrastructures est forte, à l’exception des abords du site du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Sur le bocage se déploient aussi les pylônes de lignes haute-tension venant de Cordemais ainsi que le signal du parc éolien de Campbon.

Un paysage de transition architecturale entre Sud Bretagne et Nord Loire

Véritable carrefour entre la Brière, la Bretagne, l’agglomération nantaise et le pays d’Ancenis, le territoire mélange les styles architecturaux. Les matériaux traditionnels de construction sont ceux du sillon de Bretagne : Granit, gneiss et grès avec des enduits sablés ou des torchis qui rehaussent les teintes sombres de leur couleur ocre. L’ardoise des toitures est soulignée de liserés orangés de briques.

L’unité est représentative de l’habitat breton style pays de la Mée (association de schistes et ardoises sombres qui confère au bâti en longère sobre avec un aspect sévère rappelant le pays de Rennes), mais subit fortement au sud les influences du pays nantais.

Moulin tour, typique du bocage du Sillon de Bretagne et habitat rural de type longère avec son puits et son four à pain caractéristique du style du Pays de la Mée en grand format (nouvelle fenêtre)
Moulin tour, typique du bocage du Sillon de Bretagne et habitat rural de type longère avec son puits et son four à pain caractéristique du style du Pays de la Mée



Parmi les éléments de patrimoine remarquable, nous pouvons noter le Château de Blain (XIII-XIVè siècle) ainsi que le château de la Bretonnière à Vigneux (XVIè).

Des bourgs de plateau ou de crêtes sous pression urbaine

Qu’ils soient implantés sur un plateau ou une crête, de nombreux bourgs se développent en étoile, à l’exemple de Campbon, bourg de crête, qui a connu un développement en étoile à partir d’un bourg structuré autour du « tour d’Église » et de la trame viaire.

Campbon (source IGN-géoportail-2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Campbon (source IGN-géoportail-2010)



L’espace rural est fortement mité. L’habitat traditionnel diffus est conforté par des constructions récentes liées à la pression urbaine (mitage pavillonnaire), parfois même dans des secteurs très éloignés des bourgs anciens, comme ici à Dréfféac (Branducas).

Dréfféac (Branducas) (source IGN-géoportail-2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Dréfféac (Branducas) (source IGN-géoportail-2010)



L’unité est profondément marquée au sud par la proximité de l’agglomération nantaise qui induit une pression urbaine importante sur les bourgs les plus proches de l’agglomération et des échangeurs routiers. Les échangeurs de l’axe Nantes Rennes étant plus éloignés les uns des autres, la perception de ce phénomène semble moins forte d’autant que cet axe s’inscrit dans un couloir végétal. Cela se traduit à la fois par de l’étalement urbain linéaire, de la diffusion urbaine à l’appui des hameaux ruraux ou l’extension des bourgs par des quartiers pavillonnaires. On notera également le rôle particulier d’articulations urbaines que jouent les communes de :

  • Pontchâteau, véritable charnière entre les marais du haut et du bas Brivet,
  • Savenay, porte d’entrée sur la Brière et la presqu’île guérandaise ,
  • Blain, au nord de l’unité, à la fois carrefour routier et étape sur le parcours du canal de Nantes à Brest.

Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel

Patrimoine culturel :

Patrimoine naturel :