Les caractères du bocage de la Haute Mayenne

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 1er février 2017)

Un grand plateau cristallin légèrement ondulé

Des socles géologiques qui jouent des contrastes
Source : Notice de la carte géologique au 1/50000ème, feuille de Mayenne. BRGM, 2009.

Extrait de carte géologique de l'unité paysagère de la Haute-Mayenne (source BRGM) en grand format (nouvelle fenêtre)
Extrait de carte géologique de l’unité paysagère de la Haute-Mayenne (source BRGM)



« Les paysages apparaissent assez contrastés, vallonnés au nord est avec de fréquentes petites vallées encaissées, plus monotones dans la partie sud (Hambers-Grazay-Marcillé-Mayenne-Contest) avec de grandes étendues planes ou de vastes dépressions recouvertes notamment de limons, d’altérites, ou de formations cénozoïques, et entaillées par les vallées encaissées et sinueuses de la Mayenne, de la Varenne, de l’Aron ou de la Colmont. Cette diversité des paysages est directement liée à la nature du substrat rocheux et à l’histoire tectonique de la région. Les secteurs à relief contrasté correspondent en majeur partie aux terrains sédimentaires anciens (schistes, siltites, grès). […] Les grandes étendues planes ou en dépressions du sud correspondent en majorité aux terrains cristallins avec des altitudes moyennes variant entre 120 m et 150 m ».

Un plateau pénéplané limité à l'horizon par des reliefs plus accentués : le Bois de Buleu (Macillé-la-Ville) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un plateau pénéplané limité à l’horizon par des reliefs plus accentués : le Bois de Buleu (Macillé-la-Ville)

Les principales zones à fort relief (de 200 à 250 m), à l’Est, correspondent aux massifs cristallins anciens et aux synclinaux de Villaines-la-Juhel à l’Est (point culminant à 327 m au bois de Buleu) et de Mayenne à l’Ouest. Le durcissement des roches lié au contact entre ces massifs constitue un véritable mur, interrompu et décalé au niveau de quelques vallées profondes qui sont les exutoires des réseaux hydrographiques installés sur les granites.

Des failles qui impriment des directions lisibles dans le paysage
Source : Notice de la carte géologique au 1/50000ème – feuille de Mayenne et Domfront-BRGM

Carte du relief et de l'hydrographie de l'unité paysagère du bocage de la Haute-Mayenne en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte du relief et de l’hydrographie de l’unité paysagère du bocage de la Haute-Mayenne



« Cet aspect contrasté du paysage est également étroitement lié à la présence, d’une part, d’importantes failles de direction majeure ouest-sud-ouest/est-nord-est, structurant l’ensemble de la région et le réseau hydrographique (ceci est visible notamment au Nord de Mayenne dans le secteur de Oisseau, ainsi que dans le massif du Horps) et, d’autre part, des failles perpendiculaires à cette direction limitant à l’Est le bassin de Chantrigné. Le massif granitique du Horps domine ainsi le bassin de Chantrigné de plus de 100 m. Ce modelé du relief est issu d’une longue histoire continentale (pas de trace de transgression marine depuis le paléozoïque). Les reliefs ont évolué progressivement vers une surface d’aplanissement (pénéplaine. Cette pénéplaine est inclinée de l’Ouest vers l’Est, en direction du bassin de Chantrigné où elle vient buter sur le relief du massif du Horps ».

Perception du plateau granitique du Horps et du Bassin de Chantrigné depuis les crêtes du Mont du Saule (Hardanges) en grand format (nouvelle fenêtre)
Perception du plateau granitique du Horps et du Bassin de Chantrigné depuis les crêtes du Mont du Saule (Hardanges)



De même, au nord le bassin plissé de la Mayenne est dominé par les massifs granitiques de Lassay-les-Châteaux au sud et de Bagnoles-de-L’orne au nord qui marquent une direction franche nord-ouest/sud-est dans le paysage. Le coteau nord de Lassay-les-Châteaux fait ainsi face à la grande crête forestière des Andaines qui annonce les paysages bas-normands et la Mayenne change de direction aux Sept-Forges pour emprunter cette direction dans l’axe du bassin.

Coupe de principe des formations géologiques entre les plateaux granitiques de Lassay-les-Châteaux et de Bagnolesde-l'Orne (source BRGM) en grand format (nouvelle fenêtre)
Coupe de principe des formations géologiques entre les plateaux granitiques de Lassay-les-Châteaux et de Bagnolesde-l’Orne (source BRGM)



Ces reliefs avec ces crêtes orientées jouent des covisibilités et marquent la vallée de la Mayenne sensu stricto, que l’on découvre souvent au dernier moment du fait de son encaissement dans les plateaux ou les bassins qu’elle traverse.

Un bassin quasi horizontal où la crête des Andaines marque une direction forte dans le paysage ponctuée de clochers et bourgs comme ici Couterne (Saint-Julien-du-Terroux) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un bassin quasi horizontal où la crête des Andaines marque une direction forte dans le paysage ponctuée de clochers et bourgs comme ici Couterne (Saint-Julien-du-Terroux)

Une confluence de vallées vers la Mayenne

La Mayenne, une voie fluviale dans une vallée sinueuse et encaissée

Une rivière navigable, bordée d'un chemin de halage, dans une vallée encaissée (Alexain) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une rivière navigable, bordée d’un chemin de halage, dans une vallée encaissée (Alexain)



Très tôt utilisée pour la navigation fluviale, la Mayenne constitua également une voie de circulation terrestre avec son chemin de halage, qui en fit un riche territoire d’échange. Ainsi c’est un important patrimoine d’écluses, ports, quais, moulins qui jalonnent le fil de l’eau. Ce patrimoine est souvent masqué par les hauts coteaux boisés qui enserrent la Mayenne. Ce rôle d’axe de passage a été renforcé par la mise en place de la voie ferrée Laval/Caen via Mayenne devenu aujourd’hui une voie verte majeure complémentaire du chemin de halage. Avec son cours aux méandres serrés et son profil accentué, la Mayenne est une rivière invisible depuis le plateau et peu accessible si on n’emprunte pas son chemin de halage. Elle est à la fois mystérieuse et pittoresque.

Moulins et écluses jalonnant la vallée de la Mayenne : moulin de Saint-Baudelle (Moulay) en grand format (nouvelle fenêtre)
Moulins et écluses jalonnant la vallée de la Mayenne : moulin de Saint-Baudelle (Moulay)

Pour en savoir plus sur La Mayenne

A la confluence de trois vallées encaissées

Paysage de la confluence des trois rivières magnifiée par les eaux du lac de barrage de Saint-Fraimbault-de-Prières en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage de la confluence des trois rivières magnifiée par les eaux du lac de barrage de Saint-Fraimbault-de-Prières



La Mayenne, la Varenne, la Colmont se rejoignent dans le lac de barrage de Saint-Fraimbault-de-Prières. Le lac s’effilant dans les vallées encaissées donne l’impression de rivières plus importantes ou se reflètent les ondulations des coteaux boisés ou bocagers. Les eaux larges de la Varenne baignent le promontoire urbain d’Ambrière-les-Vallées et mettent en scène les quartiers de rive et les villas étagées sur le coteau jusqu’à la ville haute, sur son ancien promontoire défensif.

Le bourg qui s'étage sur les coteaux abrupts dominant la rivière (Ambrière-les-Vallées) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le bourg qui s’étage sur les coteaux abrupts dominant la rivière (Ambrière-les-Vallées)



Des vallons affluents de la Mayenne qui animent le plateau

Le réseau hydrographique secondaire se caractérise par des petits vallons qui incisent les plateaux cristallins ou impriment des ondulations dans les bassins. Ils se distinguent par leurs prairies humides et les petites retenues d’eau qui alimentent parfois des moulins ou des forges (comme à Aron). Sur ces vallons, on retrouve parfois des châteaux qui rappellent les ambiances de la vallée de la Mayenne. Ces vallons canalisent les vues où jouent des covisibilités de coteaux à coteaux.

Des vallons secondaires au bocage dense parfois ponctués de châteaux dans leur écrin boisé (Contest) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des vallons secondaires au bocage dense parfois ponctués de châteaux dans leur écrin boisé (Contest)

Un bocage cultivé semi-ouvert ponctué de vergers

Un bocage semi-ouvert sur de grandes cultures

Une alternance de cultures céréalières et fourragères qui ouvrent le paysage (Saint-Julien-du-Terroux) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une alternance de cultures céréalières et fourragères qui ouvrent le paysage (Saint-Julien-du-Terroux)



Dans les bassins et sur le plateau, le paysage est relativement ouvert sur une mosaïque de grandes cultures, alternant céréales et plantes fourragères (principalement maïs). Celles-ci sont ponctuées de haies résiduelles et d’arbres isolés, le plus souvent des chênes. Sur ces espaces c’est souvent l’impression d’horizontalité qui domine où le bâti agricole et les restes de trame végétale prennent une force importante dans le paysage. Les anciens têtards sont émondés en laissant un « tire-sève » qui leur donne une silhouette déséquilibrée. De la strate arborée des anciennes haies il ne reste souvent que quelques lignes de grands chênes au houppier remonté.

Un plateau légèrement ondulé ouvert sur de grandes cultures et des prairies ponctuées de chênes isolés (Contest) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un plateau légèrement ondulé ouvert sur de grandes cultures et des prairies ponctuées de chênes isolés (Contest)



Une trame bocagère plus dense dans les vallons

Une trame bocagère dense et continue qui signale les prairies de fonds de vallons depuis les plateaux cultivés (La Bazouges-des-Alleuds) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une trame bocagère dense et continue qui signale les prairies de fonds de vallons depuis les plateaux cultivés (La Bazouges-des-Alleuds)



En dehors des principales vallées, les vallons sont moins accentués et permettent d’étendre les cultures sur les versants doux. Seule la zone humide centrale du vallon présente une surface majoritairement prairiale. Les pâtures sont cadrées par des haies avec une trame arbustive relativement dense accompagnée de chênes têtard à silhouette globuleuse très ramassée. Des lignes de peupliers ou de petites peupleraies créent des écrans atténuant les effets de relief de ces vallons et interrompant les covisibilités.

Des vallons parfois masqués par des écrans végétaux de peupliers (Oisseau) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des vallons parfois masqués par des écrans végétaux de peupliers (Oisseau)



Une présence ponctuelle au nord de grands vergers à poiriers ou pommiers

Une image emblématique des vergers de poiriers pâturés qui rappelle les ambiances bas-normandes (Fontaine-Daniel) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une image emblématique des vergers de poiriers pâturés qui rappelle les ambiances bas-normandes (Fontaine-Daniel)



Rappelant la Normandie voisine, les vergers traditionnels pâturés sont encore très présents dans le bocage de la Haute-Mayenne. Généralement implantés au plus près des sièges d’exploitation, pour en faciliter la gestion, ils ponctuent de leur trame régulière de grandes prairies pâturées. Deux types de vergers se distinguent principalement par la silhouette des arbres : les pommiers avec leur port retombant et leur architecture de petit arbre compact composent un maillage d’échelle réduite. Les poiriers ont quant à eux un port plus érigé et sont implantés dans une trame plus lâche que celle des pommiers, dégageant ainsi leur silhouette élancée. Ces vergers animent le bocage au gré des saisons alternant les floraisons blanches, le vert sombre de leur feuillage qui vire au jaune orangé en automne et les couleurs vives des fruits qui se démarquent sur le feuillage. Ce motif paysager est véritablement emblématique du bocage de la Haute-Mayenne.

Des vergers de pommiers qui rythment les pâtures dans le bocage et accompagnent le bâti (Contest) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des vergers de pommiers qui rythment les pâtures dans le bocage et accompagnent le bâti (Contest)

Axe historique qui mêle les influences

Un territoire de marches où les bourgs dominent la campagne
Rappelant la position de carrefour de ce territoire entre Maine, Normandie et Bretagne, un réseau de châteaux fortifiés domine les principales vallées bénéficiant ainsi de ces positions défensives naturelles. Ainsi les forteresses de Mayenne et Lassay-les-Châteaux marquent encore fortement le paysage des vallées et témoignent de l’intérêt de contrôler ce territoire. Le bocage de Haute-Mayenne se situe sur le territoire des Marches de Bretagne où les forteresses marquaient les lignes défensives entre Duché de Bretagne et royaume de France. Même s’il ne reste plus beaucoup de traces de son ancienne forteresse, Ambrière-les-Vallées profitait également de sa position de promontoire défensif et complétait la ligne des places défensives sur les marches de Bretagne et de Normandie. Ce patrimoine de châteaux, outre les protections réglementaires qui visent à les préserver, est également valorisé pour le tourisme et mis en scène non seulement par rapport à leur ancrage dans le site naturel mais aussi par le développement de jardins thématiques, comme à Lassay-les-Châteaux. L’important patrimoine de châteaux et villégiatures qui ponctuent les vallées tant dans les zones rurales que dans les traversées urbaines marquent cette tradition de contemplation de la vallée de la Mayenne.

Paysage aux accents médiévaux de la forteresse se dressant sur la vallée de Lassay-les-châteaux (© Hassene Alaya) en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage aux accents médiévaux de la forteresse se dressant sur la vallée de Lassay-les-châteaux (© Hassene Alaya)



Dans la logique des cités défensives, les bourgs moins importants se sont implantés de manière privilégiée sur les parties hautes du plateau ou en promontoire sur les vallées. Ils constituent de fait des repères marquants émergeant de la trame bocagère.

Des bourgs perchés qui dominent plateaux et vallées (Champéon) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des bourgs perchés qui dominent plateaux et vallées (Champéon)

Pour en savoir plus sur l’architecture

Un habitat rural diffus qui ponctue le bocage semi-ouvert

Typologies architecturales du bâti rural dans le bocage de la Haute-Mayenne (CAUE de Mayenne et Atlas des paysages de Loire-Atlantique) en grand format (nouvelle fenêtre)
Typologies architecturales du bâti rural dans le bocage de la Haute-Mayenne (CAUE de Mayenne et Atlas des paysages de Loire-Atlantique)



Mêlant ces différentes influences mayennaises, bretonnes et normandes, le bâti de la Haute-Mayenne se distingue avant tout par ses matériaux : les murs sont maçonnés en schiste ou en granit et les toitures sont d’ardoise. Les volumes sont simples et souvent massifs. Dans la campagne, l’habitat est diffus. Le logis principal présente une façade exposée au sud donnant sur une cour souvent cadrée par une grange massive autres dépendances.

Un bâti traditionnel de granit et briques à toit d'ardoise qui s'organise en U autour d'une cour exposée au sud (La Bazoge- Montpinçon) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un bâti traditionnel de granit et briques à toit d’ardoise qui s’organise en U autour d’une cour exposée au sud (La Bazoge- Montpinçon)



Ce bâti traditionnel est aujourd’hui souvent masqué par des bâtiments d’élevage hors sol, hangars et stabulations qui marquent la vitalité de l’agriculture d’élevage du nord Mayenne. Ces bâtiments sont d’autant plus présents dans le paysage que la trame bocagère des plateaux et vallons cultivés a largement disparu.

Un bâti d'exploitation récent d'autant plus lisible que les haies bocagères sont moins présentes (Moulay) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un bâti d’exploitation récent d’autant plus lisible que les haies bocagères sont moins présentes (Moulay)



Couloir de déplacements historique
Si historiquement la rivière Mayenne fut un axe majeur de déplacement et de commerce, ce sont plus les axes routiers sur le plateau qui constituent aujourd’hui les principales voies de desserte et donc de développement. Ainsi l’articulation urbaine de Mayenne se distinguent particulièrement avec son coeur patrimonial et ses extensions d’activités et pavillonnaires dominant la vallée. De même on observe le développement d’un paysage urbain pavillonnaire autour des bourgs notamment à l’appui des principaux axes qui les dévient (ces éléments sont plus particulièrement développés dans la partie dynamique).

Des ambiances de quartiers pavillonnaires péri-urbains aux espaces publics soignés (La Bazoge-Montpinçon) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des ambiances de quartiers pavillonnaires péri-urbains aux espaces publics soignés (La Bazoge-Montpinçon)



Les infrastructures de transport et de production d’énergie Eoliennes constituent des repères marquant sur la vallée jouant des covisibilités d’un plateau à l’autre.

Des parcs éoliens se répondent visuellement de part et d'autre de la vallée de la Mayenne (Saint-Georges-de-Buttavent) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des parcs éoliens se répondent visuellement de part et d’autre de la vallée de la Mayenne (Saint-Georges-de-Buttavent)

Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel

Patrimoine culturel :

Patrimoine naturel :

Sources bibliographiques

  • CERESA, Atelier TRIGONE. Atlas des paysages de la Mayenne. 4 tomes. DIREN Pays-de-la-Loire, DDE Mayenne, 1999.
  • Y. VERNHET, G. LEROUGE, J.C. BESOMBES, J. LE GALL, P. GIGOT, M. CUNEY, B. PIVETTE, P. LEBRET, D. THIÉBLEMONT. Notice de la carte géologique au 1/50000ème, feuille de Mayenne. Éditions du BRGM, Orléans, 2009.