Les caractères du bocage de la Haute Mayenne
Un grand plateau cristallin légèrement ondulé
Des socles géologiques qui jouent des contrastes
Source : Notice de la carte géologique au 1/50000ème, feuille de Mayenne. BRGM, 2009.
« Les paysages apparaissent assez contrastés, vallonnés au nord est avec de fréquentes petites vallées encaissées, plus monotones dans la partie sud (Hambers-Grazay-Marcillé-Mayenne-Contest) avec de grandes étendues planes ou de vastes dépressions recouvertes notamment de limons, d’altérites, ou de formations cénozoïques, et entaillées par les vallées encaissées et sinueuses de la Mayenne, de la Varenne, de l’Aron ou de la Colmont. Cette diversité des paysages est directement liée à la nature du substrat rocheux et à l’histoire tectonique de la région. Les secteurs à relief contrasté correspondent en majeur partie aux terrains sédimentaires anciens (schistes, siltites, grès). […] Les grandes étendues planes ou en dépressions du sud correspondent en majorité aux terrains cristallins avec des altitudes moyennes variant entre 120 m et 150 m ».
Les principales zones à fort relief (de 200 à 250 m), à l’Est, correspondent aux massifs cristallins anciens et aux synclinaux de Villaines-la-Juhel à l’Est (point culminant à 327 m au bois de Buleu) et de Mayenne à l’Ouest. Le durcissement des roches lié au contact entre ces massifs constitue un véritable mur, interrompu et décalé au niveau de quelques vallées profondes qui sont les exutoires des réseaux hydrographiques installés sur les granites.
Des failles qui impriment des directions lisibles dans le paysage
Source : Notice de la carte géologique au 1/50000ème – feuille de Mayenne et Domfront-BRGM
« Cet aspect contrasté du paysage est également étroitement lié à la présence, d’une part, d’importantes failles de direction majeure ouest-sud-ouest/est-nord-est, structurant l’ensemble de la région et le réseau hydrographique (ceci est visible notamment au Nord de Mayenne dans le secteur de Oisseau, ainsi que dans le massif du Horps) et, d’autre part, des failles perpendiculaires à cette direction limitant à l’Est le bassin de Chantrigné. Le massif granitique du Horps domine ainsi le bassin de Chantrigné de plus de 100 m. Ce modelé du relief est issu d’une longue histoire continentale (pas de trace de transgression marine depuis le paléozoïque). Les reliefs ont évolué progressivement vers une surface d’aplanissement (pénéplaine. Cette pénéplaine est inclinée de l’Ouest vers l’Est, en direction du bassin de Chantrigné où elle vient buter sur le relief du massif du Horps ».
De même, au nord le bassin plissé de la Mayenne est dominé par les massifs granitiques de Lassay-les-Châteaux au sud et de Bagnoles-de-L’orne au nord qui marquent une direction franche nord-ouest/sud-est dans le paysage. Le coteau nord de Lassay-les-Châteaux fait ainsi face à la grande crête forestière des Andaines qui annonce les paysages bas-normands et la Mayenne change de direction aux Sept-Forges pour emprunter cette direction dans l’axe du bassin.
Ces reliefs avec ces crêtes orientées jouent des covisibilités et marquent la vallée de la Mayenne sensu stricto, que l’on découvre souvent au dernier moment du fait de son encaissement dans les plateaux ou les bassins qu’elle traverse.
Une confluence de vallées vers la Mayenne
La Mayenne, une voie fluviale dans une vallée sinueuse et encaissée
Très tôt utilisée pour la navigation fluviale, la Mayenne constitua également une voie de circulation terrestre avec son chemin de halage, qui en fit un riche territoire d’échange. Ainsi c’est un important patrimoine d’écluses, ports, quais, moulins qui jalonnent le fil de l’eau. Ce patrimoine est souvent masqué par les hauts coteaux boisés qui enserrent la Mayenne. Ce rôle d’axe de passage a été renforcé par la mise en place de la voie ferrée Laval/Caen via Mayenne devenu aujourd’hui une voie verte majeure complémentaire du chemin de halage. Avec son cours aux méandres serrés et son profil accentué, la Mayenne est une rivière invisible depuis le plateau et peu accessible si on n’emprunte pas son chemin de halage. Elle est à la fois mystérieuse et pittoresque.
Pour en savoir plus sur La Mayenne
A la confluence de trois vallées encaissées
La Mayenne, la Varenne, la Colmont se rejoignent dans le lac de barrage de Saint-Fraimbault-de-Prières. Le lac s’effilant dans les vallées encaissées donne l’impression de rivières plus importantes ou se reflètent les ondulations des coteaux boisés ou bocagers. Les eaux larges de la Varenne baignent le promontoire urbain d’Ambrière-les-Vallées et mettent en scène les quartiers de rive et les villas étagées sur le coteau jusqu’à la ville haute, sur son ancien promontoire défensif.
Des vallons affluents de la Mayenne qui animent le plateau
Le réseau hydrographique secondaire se caractérise par des petits vallons qui incisent les plateaux cristallins ou impriment des ondulations dans les bassins. Ils se distinguent par leurs prairies humides et les petites retenues d’eau qui alimentent parfois des moulins ou des forges (comme à Aron). Sur ces vallons, on retrouve parfois des châteaux qui rappellent les ambiances de la vallée de la Mayenne. Ces vallons canalisent les vues où jouent des covisibilités de coteaux à coteaux.
Un bocage cultivé semi-ouvert ponctué de vergers
Un bocage semi-ouvert sur de grandes cultures
Dans les bassins et sur le plateau, le paysage est relativement ouvert sur une mosaïque de grandes cultures, alternant céréales et plantes fourragères (principalement maïs). Celles-ci sont ponctuées de haies résiduelles et d’arbres isolés, le plus souvent des chênes. Sur ces espaces c’est souvent l’impression d’horizontalité qui domine où le bâti agricole et les restes de trame végétale prennent une force importante dans le paysage. Les anciens têtards sont émondés en laissant un « tire-sève » qui leur donne une silhouette déséquilibrée. De la strate arborée des anciennes haies il ne reste souvent que quelques lignes de grands chênes au houppier remonté.
Une trame bocagère plus dense dans les vallons
En dehors des principales vallées, les vallons sont moins accentués et permettent d’étendre les cultures sur les versants doux. Seule la zone humide centrale du vallon présente une surface majoritairement prairiale. Les pâtures sont cadrées par des haies avec une trame arbustive relativement dense accompagnée de chênes têtard à silhouette globuleuse très ramassée. Des lignes de peupliers ou de petites peupleraies créent des écrans atténuant les effets de relief de ces vallons et interrompant les covisibilités.
Une présence ponctuelle au nord de grands vergers à poiriers ou pommiers
Rappelant la Normandie voisine, les vergers traditionnels pâturés sont encore très présents dans le bocage de la Haute-Mayenne. Généralement implantés au plus près des sièges d’exploitation, pour en faciliter la gestion, ils ponctuent de leur trame régulière de grandes prairies pâturées. Deux types de vergers se distinguent principalement par la silhouette des arbres : les pommiers avec leur port retombant et leur architecture de petit arbre compact composent un maillage d’échelle réduite. Les poiriers ont quant à eux un port plus érigé et sont implantés dans une trame plus lâche que celle des pommiers, dégageant ainsi leur silhouette élancée. Ces vergers animent le bocage au gré des saisons alternant les floraisons blanches, le vert sombre de leur feuillage qui vire au jaune orangé en automne et les couleurs vives des fruits qui se démarquent sur le feuillage. Ce motif paysager est véritablement emblématique du bocage de la Haute-Mayenne.
Axe historique qui mêle les influences
Un territoire de marches où les bourgs dominent la campagne
Rappelant la position de carrefour de ce territoire entre Maine, Normandie et Bretagne, un réseau de châteaux fortifiés domine les principales vallées bénéficiant ainsi de ces positions défensives naturelles. Ainsi les forteresses de Mayenne et Lassay-les-Châteaux marquent encore fortement le paysage des vallées et témoignent de l’intérêt de contrôler ce territoire. Le bocage de Haute-Mayenne se situe sur le territoire des Marches de Bretagne où les forteresses marquaient les lignes défensives entre Duché de Bretagne et royaume de France. Même s’il ne reste plus beaucoup de traces de son ancienne forteresse, Ambrière-les-Vallées profitait également de sa position de promontoire défensif et complétait la ligne des places défensives sur les marches de Bretagne et de Normandie. Ce patrimoine de châteaux, outre les protections réglementaires qui visent à les préserver, est également valorisé pour le tourisme et mis en scène non seulement par rapport à leur ancrage dans le site naturel mais aussi par le développement de jardins thématiques, comme à Lassay-les-Châteaux. L’important patrimoine de châteaux et villégiatures qui ponctuent les vallées tant dans les zones rurales que dans les traversées urbaines marquent cette tradition de contemplation de la vallée de la Mayenne.
Dans la logique des cités défensives, les bourgs moins importants se sont implantés de manière privilégiée sur les parties hautes du plateau ou en promontoire sur les vallées. Ils constituent de fait des repères marquants émergeant de la trame bocagère.
Pour en savoir plus sur l’architecture
Un habitat rural diffus qui ponctue le bocage semi-ouvert
Mêlant ces différentes influences mayennaises, bretonnes et normandes, le bâti de la Haute-Mayenne se distingue avant tout par ses matériaux : les murs sont maçonnés en schiste ou en granit et les toitures sont d’ardoise. Les volumes sont simples et souvent massifs. Dans la campagne, l’habitat est diffus. Le logis principal présente une façade exposée au sud donnant sur une cour souvent cadrée par une grange massive autres dépendances.
Ce bâti traditionnel est aujourd’hui souvent masqué par des bâtiments d’élevage hors sol, hangars et stabulations qui marquent la vitalité de l’agriculture d’élevage du nord Mayenne. Ces bâtiments sont d’autant plus présents dans le paysage que la trame bocagère des plateaux et vallons cultivés a largement disparu.
Couloir de déplacements historique
Si historiquement la rivière Mayenne fut un axe majeur de déplacement et de commerce, ce sont plus les axes routiers sur le plateau qui constituent aujourd’hui les principales voies de desserte et donc de développement. Ainsi l’articulation urbaine de Mayenne se distinguent particulièrement avec son coeur patrimonial et ses extensions d’activités et pavillonnaires dominant la vallée. De même on observe le développement d’un paysage urbain pavillonnaire autour des bourgs notamment à l’appui des principaux axes qui les dévient (ces éléments sont plus particulièrement développés dans la partie dynamique).
Les infrastructures de transport et de production d’énergie Eoliennes constituent des repères marquant sur la vallée jouant des covisibilités d’un plateau à l’autre.
Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel
Patrimoine culturel :
- Consulter l’article Les paysages institutionnalisés
- Consulter la rubrique "Sites et paysages" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Consulter l’Atlas des Patrimoines du Ministère de la Culture
- Consulter les Bases Architecture et Patrimoine du Ministère de la Culture
Patrimoine naturel :
- Consulter la rubrique "Patrimoine naturel" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Trame verte et bleue : consulter le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) des Pays de la Loire
Sources bibliographiques
- CERESA, Atelier TRIGONE. Atlas des paysages de la Mayenne. 4 tomes. DIREN Pays-de-la-Loire, DDE Mayenne, 1999.
- Y. VERNHET, G. LEROUGE, J.C. BESOMBES, J. LE GALL, P. GIGOT, M. CUNEY, B. PIVETTE, P. LEBRET, D. THIÉBLEMONT. Notice de la carte géologique au 1/50000ème, feuille de Mayenne. Éditions du BRGM, Orléans, 2009.