Les caractères des marais de vilaine

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 27 décembre 2016)

Un paysage horizontal de confluences entre les crêtes armoricaines

Des cours d’eau qui empruntent des zones de fracture du massif armoricain

Extrait de carte géologique de l'unité paysagère des marais de Vilaine (source BRGM) en grand format (nouvelle fenêtre)
Extrait de carte géologique de l’unité paysagère des marais de Vilaine (source BRGM)



Les zones de marais correspondent à l’élargissement de la vallée de la Vilaine. Ce dernier est lié à des fracturations nord-sud d’un socle cristallin orienté nord-ouest/sud-est, où les vallées sont normalement encaissées suivant cette direction. L’ensemble de cette unité est principalement caractérisé par des terres basses humides. Le relief y est quasi horizontal et cadré par des coteaux plus ou moins accentués. Du fait de cette horizontalité et cette faible altitude, ce territoire concentre et ralentit les eaux.
Les sous-sols du sud de l’unité regorgent de schiste largement utilisé pour la construction locale, souvent en combinaison avec le grès. On retrouve aussi, des éléments en brique et du pisé. L’architecture traditionnelle aux influences bretonnes joue sur la mise en oeuvre des pierres proches (schistes, grès et granites). Les couvertures sont uniformément constituées d’ardoise.

Un paysage horizontal qui révèle sur les coteaux les ondulations des crêtes du massif armoricain (Fégréac) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un paysage horizontal qui révèle sur les coteaux les ondulations des crêtes du massif armoricain (Fégréac)



Une plaine de confluence inondable

Carte du relief et de l'hydrographie des marais de Vilaine en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte du relief et de l’hydrographie des marais de Vilaine



Encadrés par des coteaux marqués, les marais de Vilaine se présentent tels des cuvettes, correspondant géologiquement à des zones de dépression, aux abords abrupts occupés par des boisements et habités.
Ce paysage est riche d’un petit patrimoine lié à l’eau (puits, canaux…). Les hameaux développent des dépendances importantes marquant la vie en autarcie (en période d’inondation) comme les greniers suspendus, les fours à pain, les étables et les prés communs.
Les étendues d’eau calmes accompagnées des zones humides dégagent une ambiance de tranquillité, le mouvement étant apporté par le frémissement de la végétation (roseaux, feuillages). Cette perception peut radicalement changer en période d’inondation où l’étendue d’eau compose un vaste miroir reflétant le ciel les coteaux et les quelques arbres émergeants.

Vue hivernale sur la zone de confluence des marais de Vilaine depuis les coteaux morbihannais en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue hivernale sur la zone de confluence des marais de Vilaine depuis les coteaux morbihannais



Des vallons secondaires où s’étendent les ambiances de marais
Ces ambiances spécifiques sont relayées à moindre échelle dans les vallons secondaires qui rejoignent l’axe principale de la vallée. Elles sont refermées par des retenues d’eau. Elles créent des étangs plus ou moins importants autrefois liés à des moulins à eau et utilisés aujourd’hui comme base de loisirs.

Activités nautiques sur les retenues d'eau dans les vallons secondaires : Etang Aumé (Saint-Nicolas-de-Redon - Fégréac) en grand format (nouvelle fenêtre)
Activités nautiques sur les retenues d’eau dans les vallons secondaires : Etang Aumé (Saint-Nicolas-de-Redon - Fégréac)

Un bâti et des usages adaptés aux conditions d’inondabilité du marais

Une vaste zone de pâture inondable ourlée d’un bocage plus ou moins dense
Au XVIIIe siècle, les marais de Redon sont une matrice essentielle du système agraire de la basse vallée de la Vilaine. Réservés aux usages collectifs, ils sont un espace privilégié pour le pacage. La fauche des foins et la pêche complètent ce système d’exploitation.
La terre n’apparaît que très peu dans cette unité : soit elle est recouverte lors des inondations, soit elle nourrit l’herbe grasse des prairies humides. C’est un paysage de pâtures ou d’espaces naturels avec une végétation adaptée à l’eau. Entre les joncs et les roseaux, ourlant les canaux, on retrouve au niveau des arbres les textures fines des saules et des frênes, les feuillages labiles des peupliers et les feuilles plus sombres des aulnes ou plus découpées des chênes. Dans les haies cadrant les prairies, les arbres (chênes ou frênes) sont taillés en têtards et marquent l’horizon de leur silhouette bonhomme. Des alignements de peupliers constituent ponctuellement des écrans visuels qui bloquent parfois les vues.
Les plateaux se différencient du fond de vallée par leur type de végétation. Ajoncs, fougères, bouleaux, pins en bosquets ou plantés sur les talus bordant les routes. Un maillage lâche constitué de ragosses dessine des lignes tant sur les coteaux que les plateaux.

Calvaire ponctuant une pâture inondable en bord de Vilaine (Fégréac) en grand format (nouvelle fenêtre)
Calvaire ponctuant une pâture inondable en bord de Vilaine (Fégréac)



Un bâti qui s’implante à l’appui des coteaux
L’inondabilité de ce paysage se traduit directement par des modes d’implantation du bâti en frange de marais ou sur des promontoires insulaires. Les bourgs sont très lisibles et sont de véritables points de repère animant l’horizon du paysage. Les cours d’eau sont accompagnés de prairies humides, utilisées pour le pâturage et pour la production de fourrage, et de marécages.

Des bourgs perchés sur le coteau, des repères paysagers forts dans le marais (Tréhillac) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des bourgs perchés sur le coteau, des repères paysagers forts dans le marais (Tréhillac)



Les coteaux sont en relation directe avec la vallée. Surplombant les zones de marais dans lesquelles se distinguent le cours d’eau, le canal de Nantes à Brest et les douves (nom local des canaux dans le marais), ils offrent en effet des vues sur la vallée ainsi que des relations de covisibilités de coteau à coteau. L’habitat implanté sur les coteaux bénéficie donc d’une relation visuelle à la vallée. Cette relation est également fonctionnelle puisque le canal de Nantes à Brest emprunte la frange est de la vallée et se distingue par son tracé rigoureux.

Un étagement des bourgs qui met en scène les relations de covisibilité d'un coteau à l'autre (Saint-Nicolas-de-Redon) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un étagement des bourgs qui met en scène les relations de covisibilité d’un coteau à l’autre (Saint-Nicolas-de-Redon)



Sur le plan architectural, l’unité est représentative de l’habitat breton, style pays de la Mée. Schistes et ardoises sombres confèrent à la maison un aspect sévère, rappelant la maison du pays de Rennes. Les habitations adoptent un plan en longueur, regroupant habitations et dépendances au sein du même bâtiment, avec parfois des appentis de part et d’autre de la construction principale. Ce sont les longères caractéristiques de l’habitat rural breton.
Le plus souvent, la construction ne présente qu’un seul niveau avec un grenier. On observe un léger exhaussement de la toiture au-dessus des lucarnes, et souvent des linteaux en poutres de bois.

De rares infrastructures mais souvent marquantes

Paysage linéaire du canal de Nantes à Brest (Fégréac) en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage linéaire du canal de Nantes à Brest (Fégréac)

Les infrastructures sont particulièrement peu développées dans ce paysage, en raison de l’impraticabilité des marais. La voie ferrée longe la vallée de la Vilaine. Les chemins ruraux sont nombreux. Si ces paysages sont structurés par l’économie agricole, ce sont des réserves de biodiversité le plus souvent protégées qui font parfois l’objet d’une valorisation touristique encore peu développée. Des activités économiques traditionnelles se démarquent comme l’exploitation de la tourbe ou du roseau, la chasse et la pêche. Les éléments d’infrastructure (comme les voies ou les lignes électriques) quels qu’ils soient sont donc en général très prégnants dans la mesure où ils contrastent fortement avec la structure même de ce paysage.
L’unité est traversée par le canal de Nantes à Brest, qui a participé au développement de ports et d’échanges commerciaux anciens (Redon, St Nicolas de Redon…). Ancienne voie commerciale, le canal est aujourd’hui le support privilégié de découverte du territoire par son chemin de halage ou en tourisme fluvial.

Port de plaisance sur le canal de Nantes à Brest (Fégréac) en grand format (nouvelle fenêtre)
Port de plaisance sur le canal de Nantes à Brest (Fégréac)

Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel

Patrimoine culturel :

Patrimoine naturel :