Les caractères de la presqu’île guérandaise

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 27 décembre 2016)

Une histoire géologique à l’origine d’un littoral complexe, où terre et mer se sont mélangées

Extrait de carte géologique de l'unité paysagère de la presqu'île guérandaise (source BRGM) en grand format (nouvelle fenêtre)
Extrait de carte géologique de l’unité paysagère de la presqu’île guérandaise (source BRGM)



Au paléozoïque, les plissements hercyniens marqués par une direction varisque (nord ouest / sud est) se traduisent par une importante chaîne de montagnes. Cette direction structurante qui se met en place dès cette époque se lit encore aujourd’hui.
Au mésozoïque, la pénéplanation (érosion jusqu’à aplanissement) post hercynienne (- 250 millions d’années) met à nu la racine de ces plis. A cette époque, l’Atlantique est en formation et la naissance des Alpes fait rejouer les failles varisques. L’érosion marine, en creusant les roches plus tendres met en relief les parties varisques plus dures ; le socle paysager hérité de l’ancienne chaîne de montagnes se met en place.
Au cénozoïque, les dernières ères géologiques sont marquées par l’accentuation de l’érosion des vallées (liée à des périodes de glaciation qui ont largement éloigné le littoral), puis l’ennoyage des bordures littorales qui va progressivement former le littoral que l’on connaît aujourd’hui et les marais rétro-littoraux.
La mise en place de la zone des marais salants de Guérande est liée au développement de deux grands cordons dunaires (les tombolos) l’un sur la Baule et l’autre sur Pen Bron à la Turballe qui ont rattaché la crête rocheuse du Croisic au sillon de Guérande. Un morceau d’océan fut ainsi emprisonné dans les terres.

Schéma de principe de formation géologique au paléozoïque (source Atlas des paysages de Loire- Atlantique 2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Schéma de principe de formation géologique au paléozoïque (source Atlas des paysages de Loire- Atlantique 2010)

Schéma de principe de formation géologique au mésozoïque (source Atlas des paysages de Loire- Atlantique 2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Schéma de principe de formation géologique au mésozoïque (source Atlas des paysages de Loire- Atlantique 2010)

Schéma de principe de formation géologique au cénozoïque (source Atlas des paysages de Loire- Atlantique 2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Schéma de principe de formation géologique au cénozoïque (source Atlas des paysages de Loire- Atlantique 2010)

Un relief peu accentué mais marqué de crêtes qui mettent en scène le paysage

Le relief met clairement en lecture les trois sillons qui structurent cette unité paysagère séparant les deux zones de marais. Ces derniers, quasi plans au niveau de la mer, soulignent les coteaux plus ou moins élevés qui les entourent :

  • la petite crête urbanisée du Croisic au Pouliguen,
  • le sillon plus marqué de Guérande,
  • les coteaux doux de Saint Molf et Asserac.

Au revers des coteaux marquant la direction nord ouest / sud est, on retrouve des plateaux faiblement inclinés vers le nord est légèrement ondulés par des vallons qui suivent cette même direction. Le relief y est peu mouvementé mais suffisamment ondulé pour créer des animations dans la perception des paysages.

Depuis le coeur du marais, l'horizon est bloqué par le coteau Guérandais (Guérande) en grand format (nouvelle fenêtre)
Depuis le coeur du marais, l’horizon est bloqué par le coteau Guérandais (Guérande)

Extrait de carte géologique de l'unité paysagère de la presqu'île guérandaise (source BRGM) en grand format (nouvelle fenêtre)
Extrait de carte géologique de l’unité paysagère de la presqu’île guérandaise (source BRGM)

Un paysage entre terre et mer : les marais de Guérande et du Mès

Le marais salant est un véritable bas-relief sculpté par le labeur de l’homme. Ainsi, talus et canaux organisent une succession de bassins pour concentrer progressivement le sel. L’horizon est donc dégagé sur la vaste étendue du marais. Dans ce paysage ouvert, le regard est suspendu entre le ciel et son reflet dans la mosaïque aquatique. Pas même la trame des bossis, les levées de terre organisant les salines, ne constituent une accroche visuelle. Chaque élément vertical (bâti, végétal), qui se dresse dans cette étendue horizontale, est porteur d’une force paysagère importante.

Les marais salants de Guérande vus du site classé du Pradel (Guérande) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les marais salants de Guérande vus du site classé du Pradel (Guérande)



La trame des talus enherbés prolonge dans l’eau l’ossature du bocage terrestre. L’homme ne vit pas dans le marais, il y travaille seulement. La végétation quant à elle s’adapte aussi. Elle se résume à quelques ponctuations de chênes verts et aux plantes halophiles (adaptées aux conditions de salinité) qui font varier au gré des saisons les couleurs du patchwork salin.

Végétation spécifique des marais induisant des paysages contrastés en grand format (nouvelle fenêtre)
Végétation spécifique des marais induisant des paysages contrastés

Ambiance emblématique du marais, animé des salorges du Pradel (Guérande) en grand format (nouvelle fenêtre)
Ambiance emblématique du marais, animé des salorges du Pradel (Guérande)

Ambiance emblématique du marais, animé des jeux de mises en scène avec les vues dégagées sur le marais (Le Croisic) en grand format (nouvelle fenêtre)
Ambiance emblématique du marais, animé des jeux de mises en scène avec les vues dégagées sur le marais (Le Croisic)

Pour en savoir plus sur les marais salants

Des plateaux bocagers qui se referment…

Sur les plateaux entre les marais, le réseau bocager est encore dense par endroits. On y retrouve une composition mixte de feuillus (chênes pédonculés, chênes verts) et de conifères (pins et cyprès de Lambert) caractéristiques du nord-ouest du département. La particularité de ce bocage est certainement d’avoir des feuillus peu développés à la silhouette pittoresque. Cette trame bocagère est ponctuée de boisements qui referment ponctuellement l’espace.
La trame bocagère dense de petits chênes pédonculés, de chênes vert sombre et de pins graphiques délimite un patchwork de prairies de pâtures et de cultures céréalières. Plus on s’approche des marais salants et plus l’air se charge d’embruns ; la végétation se transforme, devient plus petite pour se limiter aux roseaux, aux chênes verts, aux tamaris et aux salicornes colorées dans les marais. Une large gamme de couleurs et de textures se décline subtilement dans ces paysages.
Par ailleurs, la pression urbaine rétro-littorale et la proximité des grandes agglomérations (la Baule, Saint Nazaire) ont catalysé la diffusion urbaine dans ces plateaux bocagers. Les prairies de pâtures ont laissé place aux jardins horticoles des pavillons.

Pâture du plateau bocager dessinée par une haie de conifères en grand format (nouvelle fenêtre)
Pâture du plateau bocager dessinée par une haie de conifères

Un patrimoine bâti

Une architecture vernaculaire de qualité
Le paysage est marqué par des éléments remarquables tels que monolithes, moulins à petit pied ou châteaux de granit. Avec ses longères de granit, ses enduits chaulés, ses cheminées sur pignons, ses lucarnes en chien assis, et ses couvertures en ardoise et chaume l’architecture traditionnelle renvoie directement à l’identité bretonne. Si le bâti ancien en granit reste très discret dans le paysage par ses teintes sombres, les façades blanches des bords de marais jouent d’un fort contraste. Les pavillons récents sortent aujourd’hui clairement de ces identités architecturales pour les banaliser. Très présents sur l’horizon du marais, les vieux moulins en poivrière et les salorges renvoient aux activités ancestrales qui ont fondé ces paysages.

Trois principaux types architecturaux caractérisent la presqu'île guérandaise (de gauche à droite) : la maison de style Breton, la maison du type paludier, et la maison du type briéron. (source Atlas des paysages de Loire-Atlantique) en grand format (nouvelle fenêtre)
Trois principaux types architecturaux caractérisent la presqu’île guérandaise (de gauche à droite) : la maison de style Breton, la maison du type paludier, et la maison du type briéron. (source Atlas des paysages de Loire-Atlantique)



Les villages paludiers, tournés vers les marais salants et non vers le littoral, sont constitués de maison de paludiers et de salorges. Des exemples de maisons briéronne sont observables à l’est de l’unité. La maison briéronne présente des murs en pierre ou en terre revêtus d’enduits blancs et un toit de chaume à forte pente. Elle ne comporte qu’un seul niveau, mais dispose d’un vaste grenier. On retrouve des cheminées très basses, de petites portes et fenêtres, et des menuiseries peintes en vert, bleu ou jaune vif.

Une cité médiévale fortifiée, soumise à pression
Cité médiévale fortifiée, la ville de Guérande se distingue particulièrement par la qualité des ambiances urbaines de son centre ancien. Dans l’enceinte entourée de douve s’enchevêtrent de nombreuses ruelles bordées de maisons à colombage ou de façades de granit. Cependant le développement de Guérande se poursuit en dehors des murs. Il n’a pas non plus été contenu par les contournements successifs.
A la charnière entre les marais et le plateau bocager, perchée sur son coteau, l’ancienne cité fortifiée médiévale de Guérande profite d’une véritable position en belvédère sur le marais. Encore enceint de murs et de douves, le cœur ancien de la ville garde ses ambiances pittoresques de ruelles commerçantes débouchant sur la grande place de l’église. Les évolutions urbaines successives ont aujourd’hui enchâssé la cité dans un tissu urbain contemporain plus banal qui s’articule autour des voies de contournement.

Guérande, rue et porte St Michel (fond iconographique des archives départementales, cote 23Fi3375) en grand format (nouvelle fenêtre)
Guérande, rue et porte St Michel (fond iconographique des archives départementales, cote 23Fi3375)

Guérande est toujours aujourd’hui le carrefour de ces paysages à la fois marins et terrestres. Symboles de cette position de charnière, les moulins à petit pied ponctuent encore aujourd’hui les coteaux autour du marais profitant des vents qui s’engouffrent par le Traict pour moudre les productions du plateau (blé noir, blé…) Si ces bourgs constituent un des caractères de la composition du paysage de la presqu’île guérandaise, l’impact de leur développement est précisé dans le chapitre des dynamiques paysagères.

Les moulins à petit pied (Le moulin du Diable) - Source Atlas des paysages de Loire-Atlantique en grand format (nouvelle fenêtre)
Les moulins à petit pied (Le moulin du Diable) - Source Atlas des paysages de Loire-Atlantique

Des infrastructures adaptées à l’essor touristique

Le chemin de fer au sud de l’unité a été un vecteur d’évolution majeur des paysages puisqu’il a permis l’essor du tourisme balnéaire. La "route bleue", axe structurant Nord-Sud formé par la D114, puis la RN171 au sud, présente un profil de voie rapide et marque fortement le paysage par ses franges boisées et par la rupture fonctionnelle et visuelle qu’elle constitue. Sur l’axe viaire, le paysage est celui d’un grand couloir vert qui ne s’ouvre qu’au niveau de l’échangeur de la Baule avec une vue plongeante sur les marais salants.

La route bleue un couloir vert laissant peu de vues sur la sousunité en grand format (nouvelle fenêtre)
La route bleue un couloir vert laissant peu de vues sur la sousunité

Si les infrastructures constituent un des caractères de la composition du paysage de la presqu’île guérandaise, l’impact de leur développement est précisé dans le chapitre des dynamiques paysagères.

Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel

Patrimoine culturel :

Patrimoine naturel :

Source bibliographique

  • VU D’ICI, AGENCE ROUSSEAU, ALTHIS, AQUALAN. Atlas des paysages de Loire-Atlantique. DREAL des Pays de la Loire, DDTM de Loire-Atlantique. 2010.