Les caractères de l’agglomération mancelle
Un contexte topographique qui met en scène la ville
Dans la mise en place et la perception de la ville du Mans, la topographie joue un rôle déterminant. En effet, développée sur un site de confluence, l’aire urbaine du Mans occupe les vallées de la Sarthe et de l’Huisne ainsi que leurs coteaux. Cela induit en termes de paysage plusieurs particularités.
Creusant les plateaux calcaires du crétacé, les vallées de la Sarthe et de l’Huisne dégagent des couloirs visuels importants. Le large fond de vallée, quasiment plat, favorise les rapports visuels directs de coteau à coteau. Cette découpe de la topographie contribue également à séparer physiquement et visuellement les quartiers de fond de vallée les uns des autres. Par contre les coteaux urbanisés bien que géographiquement séparés se répondent visuellement de part et d’autre des cours d’eau. Le paysage urbain de fond de vallée est alors tronqué de ces vues.
Des covisibilités lointaines qui mettent en perspective le centre et la périphérie de l’agglomération
Les coteaux plus abruptes à l’ouest de la Sarthe se retrouvent littéralement en belvédère sur la ville et offrent ainsi de larges panoramas sur l’aire urbaine. Leur ligne de crête étant encore marquée par un horizon boisé (restes bocagers et Bois de Pannetière), ils soulignent nettement dans le lointain les limites de la ville.
La vieille ville s’implante sur un promontoire naturel qui s’avance en éperon dans la vallée de la Sarthe. La silhouette si particulière des découpes de toits de la vieille ville dominées par la cathédrale constitue un horizon urbain identitaire majeur du Mans.
De même, la RD 338 en longeant le coteau ouest de la Sarthe, ainsi que les quartiers qui s’y étagent, proposent ponctuellement des vues sur la ville et notamment le centre historique.
Une variation des coteaux de l’Huisne qui organise les vues sur la frange sud de la ville du Mans
Le quartier de Pontlieue s’étend en éventail sur le coteau doux au sud de l’Huisne pour former une colline au niveau de la Cité des Pins. Dans l’axe des principaux boulevards, des vues plongeantes sont cadrées sur le coteau nord de l’Huisne. La RD323 longeant le coteau sud de cette colline propose de larges panoramas ouverts sur la plaine des circuits automobiles.
Le coteau nord de l’Huisne est également très accentué au niveau de la vallée Saint-Blaise plaçant ainsi le plateau nord-est du Mans en belvédère sur les étendues forestières de Changé. Ces vues remarquables, notamment au niveau du contournement est, sont d’autant plus surprenantes qu’elles mettent en scène un paysage vierge de toute construction. Un rapport intense s’établit donc directement entre les densités forestières et urbaines.
Une topographie amplifiée par l’occupation urbaine
L’histoire mancelle a été marquée par une stratification de la ville. Les recherches archéologiques sur le secteur du vieux Mans ont mis à jour des fragments de ville parfois à plus de 6m sous terre. Certaines vallées ont partiellement été comblées ou canalisées et l’éperon sur lequel s’installe la vieille ville a vu son relief s’amplifier au gré des époques de construction.
Les dernières décennies de l’histoire urbaine mancelle ont également marqué la topographie du paysage par les barres d’immeubles et les grands ensembles. Accrochés aux coteaux, ils ont sensiblement modifié la ligne d’horizon créant ainsi de nouveaux repères dans le paysage.
Par ailleurs, les politiques de grands travaux pour « désenclaver la ville » au XIXème siècle ont modifié parfois de façon spectaculaire le relief. C’est le cas notamment du tunnel qui marque une brèche béante dans la vieille ville. Il permet la lecture du relief et donne, par ses structures en arches, l’impression de traverser l’ébauche d’une cathédrale en voiture…
Une richesse paysagère liée à la confluence et des vallons secondaires
La Sarthe et l’Huisne ont longtemps constitué des liaisons naturelles entre l’Anjou, le Maine, le Perche et la Normandie. Devenues plus discrètes dans le tissu urbain, ces voies d’eau gardent encore leur fonction de liaison entre les quartiers pour l’Huisne et de voie navigable pour le tourisme fluvial pour la Sarthe. Une grande partie de la ville basse étant inondable en cas de crue majeure, l’agglomération fait l’objet d’un plan de prévention des risques d’inondation et des ouvrages de protection ont été aménagés sur les berges. Les aménagements de quais et de promenades plantées ainsi que les équipements de loisirs ou sportifs le long de ces rivières en font des espaces de vie importants. Ces espaces d’accompagnement, s’ils sont peu nombreux, n’en constituent pas moins des espaces de respiration importants dans le tissu urbain et de potentiels vases d’expansion des crues. Les différentes séquences paysagères qui jalonnent ces vallées sont détaillées dans la sous-unité paysagère des rives aménagées de la Sarthe et de l’Huisne.
Les coteaux de la Sarthe et de l’Huisne sont découpés par le chevelu hydrographique formant ainsi de petits vallons. C’est le cas notamment du vallon du Chaumard, du Grand Pin (au nord de la Technopole Université) et Saint-Blaise. Ils se caractérisent par des ambiances intimistes de paysages ruraux relativement fermés, sous forte pression urbaine.
Un kaléidoscope de paysages urbain et périurbain
Des paysages urbains contrastés qui racontent l’histoire du développement de la ville
L’évolution spatiale de la ville du Mans, présentée dans le volet des dynamiques paysagères, montre que les rythmes d’évolution de la ville du Mans se sont accélérés dans les deux derniers siècles. Le rapport espace rural / espace urbain s’est rapidement inversé pour voir disparaître presque totalement la "campagne" du territoire communal.
Les modifications et les remaniements du centre-ville au cours des siècles ont contribué à fragmenter les identités de la ville créant ainsi une certaine diversité. Ces changements, correspondant souvent à des politiques de grands travaux, se traduisent aujourd’hui dans le paysage urbain par des ruptures franches où l’ancien côtoie le moderne, où le monumental jouxte le réduit et où le plein cerne le vide. Une des particularités du Mans réside ainsi dans son absence de transitions et ses discordances nettes entre les quartiers (Cf. sous-unité paysagère des paysages urbains Manceaux).
Une ville à l’articulation d’unités paysagères qui connotent les paysages péri-urbains
La ville du Mans, à l’articulation de cinq unités paysagères sarthoises s’est étendue et développée, composant avec les spécificités paysagères de chacune de ces unités. Elles marquent donc la périphérie de la ville par leurs structures contrastées :
- A l’ouest, les champagnes ondulées sarthoises développent un paysage de petites collines boisées habitées découpées par des vallons bocagers à l’ouest de l’agglomération
- Au nord, les balcons de la Sarthe se caractérisent par une amplitude du paysage de la vallée de la Sarthe plus marquante à l’amont du Mans qu’à l’aval où elle est masquée par les boisements
- Au nord-est, les vallées et buttes boisées de Bonnétable se distinguent à l’approche de l’agglomération par des séries de buttes boisées
- A l’est, la vallée de l’Huisne amorce le lien de l’agglomération avec les paysages du Perche sarthois et l’Huisne
- Au sud – sud/est, les ensembles forestiers des clairières entre Sarthe et Loir cadrent le sud de l’agglomération mancelle
Ces structures paysagères identitaires sont marquées par les fortes pressions urbaines de l’agglomération qui se traduisent par le développement de quartiers résidentiels sur les bourgs, par de la diffusion ou du mitage urbain en zone rurale et par la présence d’équipements urbains importants à proximité des bourgs (cf. développement dans le volet des dynamiques paysagères). Elles sont également marquées par le passage des grandes infrastructures de déplacement et des zones d’activités ou commerciales qui y sont associées. Il en résulte des paysages périurbains très contrastés (Cf. développement dans les sous-unités paysagères).
Un carrefour ceinturé par les infrastructures et les zones d’activités
Outre sa position naturelle de confluence, la ville du Mans a toujours constitué un carrefour viaire et ferroviaire important à la charnière entre l’Ile de France au Nord-est et la Bretagne à l’ouest, la Normandie au nord et la Touraine au sud. Cela se traduit encore aujourd’hui fortement dans la présence des infrastructures dans le paysage de l’agglomération mancelle.
Un nœud ferroviaire qui porte son propre paysage
La ville est segmentée par un immense nœud ferroviaire qui constitue souvent un élément infranchissable conditionnant le fonctionnement urbain. La gare de fret et la zone de triage dans la zone industrielle sud constituent, à elles seules, un paysage ferroviaire à part entière : il se caractérise d’abord par son ouverture sur des voies où les rails et les caténaires marquent fortement des axes perspectifs. Ces lignes tracent sur le sol et dans le ciel une sorte de paysage filaire ponctué de poteaux verticaux au rythme régulier. Les teintes rouilles des ballasts, des bastaings et de toutes les armatures métalliques créent une harmonie de couleurs et renvoie directement à des références industrielles. Les voies ferrées s’inscrivent d’ailleurs directement en relation avec le bâti industriel qu’elles desservent. Un jeu de pleins et de vides se crée donc dans ce paysage industriel.
L’automobile associée aux paysages manceaux à plusieurs titres
Comme dans toute agglomération de cette ampleur, le réseau autoroutier et routier organise l’espace et les zones d’activités connexes (mobilier, zones d’activités, industrielles et/ou commerciales). Ce caractère paysager est développé dans le volet des dynamiques paysagères.
L’image de marque liée aux courses automobiles des 24 heures fait la renommée mondiale de la Ville du Mans. C’est particulièrement flagrant et lisible dans les paysages du sud de l’agglomération. L’ampleur du circuit, des équipements associés et surtout l’utilisation de routes quotidiennes dans le tracé du circuit tendent à confondre le réseau routier aux infrastructures des courses.
Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel
Patrimoine culturel :
- Consulter l’article Les paysages institutionnalisés
- Consulter la rubrique "Sites et paysages" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Consulter l’Atlas des Patrimoines du Ministère de la Culture
- Consulter les Bases Architecture et Patrimoine du Ministère de la Culture
Patrimoine naturel :
- Consulter la rubrique "Patrimoine naturel" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Trame verte et bleue : consulter le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) des Pays de la Loire
Sources bibliographiques
- CERESA. Atlas des paysages de la Sarthe. Conseil Général de la Sarthe, DDE de la Sarthe, DIREN Pays de la Loire, 2005.
- A. LEVY, U.F.E. Le Mans, métamorphose d’une ville. Ed. Bordessoules, Saint-Jean-d’Angély, 1987.